Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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L’assaut


France / 2011

09.03.2011
 



DES HOMMES ET DES GUNS





« La question est : quel est leur objectif ? »

Qui se souvient vraiment de la prise d’otage dans un avion à Marseille ? Force est de reconnaître qu’une quinzaine d’années plus tard, on se rappelle bien d’une image où les militaires du GIGN arrivent à pénétrer dans l’avion, mais c’est à peu près tout. Retour au week-end de noël 1994 : la samedi 24 décembre un avion d’Air France est pris en otage avant son décollage à Alger, l’avion finira par décoller et se poser à Marseille le lundi 26 décembre, le GIGN lance l’assaut… Le film veut nous raconter ce qui s’est passé durant les trois jours de cet acte terroriste avec plusieurs points de vue : celui de l’intérieur de l’avion avec les terroristes et celui du gouvernement français avec les politiques mais aussi avec le GIGN. Sur un sujet historique aussi sensible, il était impossible de faire un film sans recherche d’informations sur le déroulé des faits, et ce sont différents témoignages d’anciens du GIGN qui ont servis de base à une ‘fonctionalisation’ action et vérité de cet évènement. Quelles étaient les motivations des terroristes et que s’est-il passé à l’intérieur de l’avion ?

« Nous sommes les soldats de la miséricorde, nous prenons possession de l’avion au nom d’Allah ! »

Le réalisateur Julien Leclercq démarre son film avec en introduction un groupe du gendarmes en action pour déloger un forcené armé, une scène d’exposition qui a le double rôle de déjà présenter le personnage de Vincent Elbaz comme héros potentiel et en même temps de valoriser le GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale). D’ailleurs "L’assaut" du titre est bien plus celui du GIGN dont on sait d’avance qu'il arrive à la fin plutôt que celui des quatre terroristes qui ont pris le contrôle de l’avion.

Dès le début le montage alterne plusieurs points de vues parallèles : pendant que des gendarmes sont à l’entraînement, les quatre terroristes se préparent, puis on assiste à des négociations incertaines dans l’avion et à l' incertitude grandissante dans les réunions au ministère à Paris. Le film va ainsi faire se dérouler de manière chronologiques les évènements réels (ou supposés tels) avec principalement trois versions : les terroristes dans l’avion (emmenés par l’acteur Aymen Saïdi), les politiques du gouvernement (avec Mélanie Bernier) et les gendarmes du GIGN (avec Vincent Elbaz surtout, et Grégori Derangère). Ces différents points de vue réunissent les principaux intervenants de ce faits divers, ils sont complémentaires entre eux. A l’époque, les personnages réagissaient en fonction de la seule partie des faits qui leur était connue. L’intelligence de ce scénario est de porter à la connaissance des spectateurs cette multitude de faits dans leur globalité.

L’issue finale de cette prise d’otage est connue de tous : le GIGN donne l’assaut contre l’avion, et cela se passe en direct à la télévision devant des millions de téléspectateurs. C’est tout ce qui s’est passé avant que l’on ne connaît pas vraiment, et c’est exactement cela que nous raconte le film. On y voit d’ailleurs des responsables du gouvernement français pris au dépourvu, une négociation secrète avec une valise de 700 000 francs, la préparation à l’avance de plusieurs cercueils pour les pertes envisagées… Le film parvient à condenser une prise d’otage qui a duré plus de deux jours en un récit de 1h30 toujours tendu par une tension qui va grandissante.

Julien Leclercq oublie la mise en scène (trop) stylisée de son premier film Chrysalis pour cette fois être au diapason avec son histoire : fluctuante. Il persiste encore chez lui le défaut de vouloir démontrer son talent de réalisateur avec quelques scènes qui si bonnes soient-elles ne sont pas à leur place dans l’histoire : par exemple une séquence épatante mais inutile où le personnage de Vincent Elbaz s’entraîne au tir sur cible avec une image ralentie montée avec les bruits de sa respiration ou encore les moments où sa femme Marie Guillard s’inquiète devant la télévision, qui semblent n’être que des plans de transitions qui se répètent. On espère que Julien Leclercq parviendra encore à trouver en France les moyens de ses ambitions, désormais son troisième film sera très attendu.

Il est évident que le réalisateur avait pour modèle le Vol 93 de Paul Greengrass, et il a réussi dans cette veine à bien doser émotions et suspense. L’aspect documentaire est appuyé par une image délavée de toute couleur vive. La caméra est toujours en mouvement comme pour accentuer une impression de véracité des faits. La sobriété du film fait que tout sonne juste : les terroristes ne sont pas assez préparés, les politiques improvisent, et les gendarmes du GIGN sont plus des professionnels que des héros. Sans manichéisme ni sensationnalisme, L’assaut nous raconte ainsi un acte terroriste en suivant de près une poignée de personnages a priori ordinaires confrontés à une situation extraordinaire.
 
Kristofy

 
 
 
 

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