Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le Chaperon Rouge (Red Riding Hood)


USA / 2011

21.04.2011
 



ROUGE SANG





« Nous avons tous des secrets. »

Le conte du petit chaperon rouge popularisé par Charles Perrault et par les frères Grimm est en fait une histoire qui se résume finalement à pas grand-chose. Une fillette seule dans une forêt qui se fait approcher par un loup dangereux : mais pourquoi as-tu de grandes dents? c’est pour mieux te manger mon enfant!
La morale de l’histoire étant de se méfier des apparences, et surtout de se méfier des inconnus. Le film de Catherine Hardwicke exploite ce conte pour raconter une tout autre histoire autour du mythe du loup-garou.

L’affiche annonce la couleur : prenez garde au loup…par la réalisatrice de Twilight. Après le succès de Bella qui aime Edward le vampire mais elle est aimée aussi par Jacob, la même recette à succès est dupliquée pour un remake déguisé. Dans Le chaperon rouge on va donc découvrir Valérie qui aime Peter le pauvre bûcheron mais elle est aimée aussi par le riche forgeron Henri. Le cœur de Valérie balance entre les deux garçons, ses doutes aussi car serait-ce possible que l’un des deux soit le terrible loup-garou ?
Quand le loup, qui menace les habitants du village, tue une jeune fille, il faut donc le chasser. On découvre alors que ce n’est pas un loup ordinaire mais un loup-garou qui serait en fait son propre voisin ! La peur de l'autre est décidément un thème à la mode. Il faut reconnaître que le point de départ aurait pu être une promesse de film fantastique intéressant. Le conte originel est laissé de côté pour une intrigue en forme de ‘whodunit’ où une suite d’indices fait soupçonner tout à tour chaque personnage. Au spectateur de deviner qui est le loup-garou entre les deux jeunes prétendants de Valérie, ses parents, sa grand-mère, ses voisins... Le film navigue entre plusieurs fausses pistes avant de vouloir surprendre les spectateurs par la révélation finale.

A priori un film de loup-garou, ça implique une scène de transformation d’un humain en créature dans un contexte avec un peu de sang et de sexe. Hélas toutes ces choses sont absentes ici. Le chaperon rouge n’a en fait rien d’un film fantastique, il s’agit bel et bien d’une romance à l’eau de rose particulièrement destinée aux jeunes adolescents, tout comme son modèle Twilight.

La dimension du conte a, malgré tout cela, été conservée. Le chaperon rouge bénéficie donc d’une belle direction artistique qui, si elle n’est pas très crédible (le village est réduit à une place avec quelques maisons autour, les vêtements neufs sortent du pressing…), est pour beaucoup dans l’aspect légendaire de la production. Mais cela suffit-il à pardonner ses faiblesses comme ses effets spéciaux mal intégrés (le loup trop numérique est limite risible) et la mièvrerie générale de l’histoire. Le plus surprenant est d’y percevoir le poids de la religion pour combattre le mal utilise des méthodes violentes (l’accusation de sorcellerie suffit pour emprisonner ou torturer). On remarquera les vétérans Gary Oldman qui joue sans conviction un exalté religieux et Julie Christie, plus impliquée dans le rôle de la grand-mère, ou encore le père de l’héroïne, Billy Burke, comme déjà dans Twilight. Hélas ne sont pas Kristen et Robert qui veut. Ici, les deux prétendants amoureux ont moins de charisme. Seule l’actrice Amanda Seyfried fait voir avec ses grands yeux une jolie chaperon rouge à la fois pure et naïve.

Dans le conte le petit chaperon rouge est une fillette que le loup veut abuser : plus que se méfier des inconnus, il s’agit de se méfier des désirs secrets de l’autre avec une allusion à la puberté. C’est d’ailleurs cette dimension sexuelle qui est ouvertement introduite dans l’adaptation moderne de l’histoire avec le film Freeway (où la jeune Reese Whiterspoon est menacée par le prédateur Kiefer Sutherland) ou avec le loup du film Ginger Snaps (où une fille dont le corps change se découvre des envies de chair). Trop prude, Le chaperon rouge est bien trop fleur bleue et innocent et fait l'apologie de l’amour sentimental (et virginal). Le chaperon rouge parvient quand même à exploiter (comme les autres films de la réalisatrice) les émois d’une adolescente : être séduite par un garçon désapprouvé par ses parents, vouloir croire au grand amour, se heurter au jugement des adultes, imaginer s’enfuir…

Si on regrette la désagréable impression d’un nouveau Twilight, ce film de Catherine Hardwicke est imprégné d’un romantisme pré-pubère exacerbé avec une intrigue marquée par la violence des adultes : pour les premiers frissons au cinéma d’un public adolescent ? Ou parce que le sang d'une morsure est moins choquante que le sang de l'hymen?
 
Kristofy

 
 
 
 

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