Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Absent (Ausente)


/ 2011

27.07.2011
 



ENTRE LAS PIERNAS





«- ça ne raconte pas l’histoire que je voudrais. »

Parfois, on aurait envie que l’histoire déraille autrement. Mais l’intensité d’Absent est de justement rester dans ses rails pour conduire à un acte manqué, le poids du regret, l’irréparable gâchis d’un désir réfréné.
Le film débute avec la parcellisation du corps d’un jeune homme. La peau. Les poils. Les ongles. Un corps au naturel et en gros plan. L’érotisme masculin monte et la scène de vestiaires qui suit, avec des garçons en slips, en caleçons, des bassins nous placent, comme le personnage principal, en voyeur. On devine ses envies. Il est ailleurs. Rêveur. Absent.
Le jeune homme est mystérieux. Et d’ailleurs ça lui va bien. Quand il voudra l’être moins, cela causera sa perte. Un peu allumeur, terriblement narcissique, il va être l’objet du trouble inattendu d’un professeur. Mort à Venise à l’envers.
Ce binôme charmeur et charmant, admirablement incarné par Carlos Echevarria et Javier de Pietro, épouse à la perfection les ambiguïtés du scénario. La caméra trahit les regards, que ce soit celui porté sur les autres, ou celui des autres. La peur de l’interdit se conjugue avec la naïveté des deux êtres.

L’histoire a aussi la pudeur de ne jamais aller vers l’obscénité. Les voisins ne disent rien, mais n’en pensent pas mois. La main se glisse sous le caleçon, mais jamais trop loin. Seule la musique angoissante nous maintient dans la crainte qu’un événement terrible va survenir. Ce sera le cas. Furtif, idiot, cet instant va faire basculer le film dans un dernier chapitre où l’absence va se mélanger à la culpabilité, aux remords.
Oeuvre subtilement anti-homophobe, joliment homoérotique avec ses plans axés sur les positions des corps, Absent est un mélo fatal. Le mensonge permettait le désir. Quand la vérité donne accès à la violence. Difficile d’avoir une attirance homo, de trouver les bons prétextes pour passer à l’acte, dans un pays où la virilité est un symbole.
C’est donc l’histoire d’un amour dont on ne sait s’il est unilatéral ou réciproque, dont on ne sait jamais s’il aurait pu se produire, avec une destinée différente. Un amour en non dits, rempli de frustrations. Un amour absent qui va devenir trop présent, obsédant. L’histoire ne déraille que lors d’une rêverie alcoolique, quand l’impossible revient au réel. Comme la compagne du professeur, on voudrait qu’il nous raconte une autre histoire, une histoire d’amour transgressive, magique, sans jugement moral, sans peur du regard des autres. Mais il y a tous ces vides. Il manque quelque chose. Il manque celui qui est absent pour que cela se réalise.
Et comme le cinéma est une arme de fantasme massive, le fantasme peut –être aussi fort que le vécu. Puissance de l’image. Mais il reste qu’en étant aussi intègre avec son scénario, Marco Berger s’empêche d’aller vers l’émotion, et préfère un final bouleversant très froid. Comme le carrelage d’un vestiaire de piscine. Alors que cela aurait pu être chaud, comme la peau d’un jeune homme qui ne demandait qu’à fusionner les corps.
 
vincy

 
 
 
 

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