Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La pluie et le beau temps


France / 2011

02.11.2011
 



PARLEZ-MOI DE LA PLUIE





"Les Chinois sont notre client numéro 1, et il n’y a quasiment pas de numéro 2."

La pluie et le beau temps bénéficie d’un dispositif simple. La réalisatrice Ariane Doublet a posé sa caméra dans la coopérative normande où l’on cultive le lin tandis que son correspondant chinois, Wen Hai, s’est installé dans l’usine chinoise où il est transformé. De ce regard croisé naît une réflexion sensible sur un pan étonnant de la mondialisation : loin de nuire à la petite coopérative française, l’importateur chinois l’a quasiment sauvé d’un déclin annoncé. Les deux mondes sont même devenus si interdépendants que la météo française influe sur les salaires des ouvriers chinois tandis que les revendications sociales de ces mêmes ouvriers pèsent sur le cours du lin.

En sortant les deux parties de leur anonymat, le film humanise le phénomène, et rend touchante la relation paradoxale, presque surréaliste, qui se tisse mécaniquement entre ces deux univers. On se sent à la fois proche de Patrick, agriculteur poète qui traite son lin comme un enfant dont il faut surveiller la croissance, et de cette jeune ouvrière enfermée dans son dortoir, entre la vie d’usine et les séries télévisées, et qui attend avec résignation l’avenir peu exaltant d’un mariage arrangé.

La caméra d’Ariane Doublet comme celle de son homologue chinois s’attarde sur les rituels liés au lin, qui semble à un moment de sa transformation une chevelure que les ouvriers ne se lassent pas de peigner et caresser. Cet aspect sensuel semble souligner l’importance d’une matière première dont le moindre caprice fait vaciller toute la filière. Et comme c’est la météo qui dicte en partie la qualité du produit, on se retrouve dans une situation presque absurde où Chinois et Normands sont suspendus au temps qu’il fera. A ça, et aux spéculateurs qui font mécaniquement monter ou descendre le cours des matières premières.

Kafkaïen ? Ce n’est pourtant pas le pire. On apprend en effet que les usines chinoises manquent de main d’œuvre, et que les agriculteurs français profitent finalement du bas coût des salaires chinois. Et surtout, même si aucun acteur de la filière ne semble réellement s’en soucier, on arrive à une situation aberrante où des tonnes de lin sont exportées en Chine, avant de revenir en France sous forme de produits manufacturés.

On peut déplorer le ton relativement neutre adopté par la réalisatrice, qui n’ajoute jamais de commentaires aux images (quitte à perdre le spectateur, qui a parfois du mal à deviner qui est qui, ou qui fait quoi). Toutefois, le montage et le choix de juxtaposition des scènes suffisent à apporter au film à la fois humour, gravité et une certaine humanité qui en fait un beau et indispensable témoignage sur notre époque.
 
MpM

 
 
 
 

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