Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Green Mile (La ligne verte)


USA / 1999

01.03.00
 



DURS A CUIRE





"- Je m'appelle John Coffey. Comme la boisson. Mais juste ça s'épelle pas pareil."

Il faut commencer par le début. Un point de vue est souvent orienté par ses propres opinions. Pléonasme, me direz-vous. Cependant, lorsqu'on voit, en tant que spectateur, un film sur la peine de mort, il convient d'avouer, à ses lecteurs, ce que l'on pense de cette façon de faire justice. Je suis contre la peine capitale. C'est aussi là que réside la faille de ce film : son absence de point de vue. D'électrocutions fatales en folie meurtrière, en passant par une justice un peu divine, une mort assistée et la maladie terrible d'une tumeur au cerveau, toutes les façons de mourir passent dans ce film, sauvant les plus humains, les plus "justes" et tuant les "méchants". Sauf que la vie ce n'est pas ça... la mort fauche les gentils tout autant, et parfois cruellement.
Trois heures et des cendres pour un film aussi manicchéen, traitant d'un sujet grave avec une forte dose de surnaturel, à la fois mystique et dramatique, c'est long. Parfois trop long.
Le divertissement est même quelques fois gênant. Inutile d'esthétiser la mort du gentil Coffey. Trop belle exécution qui nous fait haïr le cinéma hollywoodien. Un tel sujet ne se prête pas au spectacle. Tim Robbins l'avait bien compris en mettant en avant sobrement ses fortes convictions face à cet homicide volontaire dans Dead man Walking.
Seulement The Green Mile a tout du film hollywoodien, le pire comme le meilleur. Le pire avec la musique pour soutenir l'émotion (à moins d'être insensible, le film tire un peu les larmes). Le meilleur avec des révélations côté acteurs (Hutchinson, Duncan, la souris Mr Jingles).
Darabont a surtout signé un script puissant, riche mais sans grande originalité. Trop caricatural, pas assez politique, le traitement du sujet montre des gardiens un peu trop humanistes, et des meurtriers qui regrettent toujours leurs actes, à une exception (expiatoire) près. Le scénario pompe carrément des références à Vol au dessus d'un nid de coucou. Calibré sur un modèle oscarisable, le film est narré comme l'étaient Titanic et Saving Private Ryan : un vieux, de nos jours, racontent ce qu'il a vécu. C'est évidemment une histoire extraordinaire, qui habite encore ses pensées. Le rapprochement avec Saving Private Ryan est facile. Darabont a écrit une partie de la scène du débarquement et Hanks, Pepper jouaient dedans. Surtout, le personnage de Hanks est pris des mêmes doutes face à des horreurs équivalentes. C'est peut-être là que The Green Mile prend une belle dimension : les atrocités de la "rotisseuse" sont les mêmes que celles d'une guerre.
Pour le reste, le script alterne le rire involontaire (le pipi de soulagement de Hanks, en écho à celui interminable dans A league of their own), le sentiment de culpabilité permanent (le discours chrétien en toile de fond), la vision insoutenable de ces tortures inommables. L'ignominie de l'Homme n'est pas belle à voir.
On aurait aimé que la ligne verte soit un peu plus nuancée entre la sympathie que l'on éprouve pour des sanguinaires et la facile répulsion que l'on peut avoir vis à vis de leurs juges.
Nous sommes donc tous des condamnés, avec un "green mile" plus ou moins long, selon nos détours, nos bêtises, nos hasards. Rien de neuf, si ce n'est cette apologie du dialogue, cette idéologie du pardon, et cette théologie omniprésente. Empruntant à de Beauvoir sa morale sur l'éternité, Darabont signe un film moralement bancale, socialement intéressant, cinématographiquement classique et beau. Pour quiconque respecte la vie humaine, ce film montre à quel point l'Homme peut-être barbare.
C'est toute cette souffrance qui déborde qui, justement, conduit "l'innocent aux mains pleines" à l'échaffeau. Une euthanasie irresponsable puisqu'elle empêche toute révision du jugement, et donc tout débat sur le sujet. Rappelons que les Etats Unis partagent avec la Chine le triste record du nombre d'exécutions capitales tous les ans.
 
vincy

 
 
 
 

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