Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 7

 
En secret (Circumstance)


/ 2011

08.02.2012
 



LA FEMME PIÉGÉE

Le livre Bye Bye Bahia



«- A Dubaï, tout est possible. »

En secret laisse une impression étrange d’avoir vu un film bien mis en scène mais souffrant de son style. Comme si l’atmosphère ne comblait jamais les absences du scénario, que l’image ne parvenait jamais à densifier une histoire finalement assez simple, pour ne pas dire déjà vue.
Certes, la condition féminine en Iran et la résistance au régime tyrannique de ce pays ne laissent jamais indifférent, quelque soit le traitement. Le film a d’ailleurs été tourné au Liban et dans un pays du Moyen-Orient pour contourner la censure.

Le film oscille toujours entre deux aspirations, deux désirs : rester ou fuir, se marier ou rêver, résister ou fléchir, se soumettre. Dès la première phrase, la question est posée : Téhéran ville idéale ou ville à quitter ? Les dernières scènes répondront à la question. Dans La séparation, ces contradictions menaient à une tension, une véritable opposition, passionnelle, des conflits sous-jacents ou exacerbés. En secret part dans direction inverse, avec des séquences plus contemplatives, éthérées. La cinéaste Maryam Keshavarz a conscience de l’intelligence et de belle mécanique de son scénario. Hélas, elle ne s’autorise jamais à y insuffler la moindre improvisation, le plus petit grain de sable permettant d’obtenir une émotion. Seule la transgression (l’homosexualité des deux femmes) apporte un peu de grâce…

Son œuvre, sous ses dehors sensuels, est d’une froideur cérébrale. Comme si les sentiments des personnages n’arrivaient jamais à atteindre le spectateur. Pourtant, on ne peut être que toucher par cette histoire déchirante où le fils d’une famille bourgeoise en devient son ennemi le plus intime, où la fille cherche une issue de secours pour vivre « démocratiquement » sa jeunesse (soirées branchées, opinions tolérantes, lesbiannisme). La jeunesse et la Morale. Sous le voile, dans la rue, les vêtements sexys dans des « party » clandestines. Cette famille est le noyau du film. Cependant, c’est l’élément invité, périphérique qui en est la vedette. Le personnage de Shirin, au delà de son visage sublime (on tombe amoureux dès son premier plan) est finalement central, faisant le lien entre toutes ces « séparations ». Piégée par sa candeur, sa lucidité, sa raison, elle sacrifiera tout, jusqu’à l’amour. Elle apporte l’aspect poignant de ce drame.

Elle est ballotée entre les mariages arrangés, le désir d’émancipation, l’envie de travailler dans le métier dont elle rêve, le carcan du regard des autres, son passé, son futur, le frère qui trahit et la sœur qui s’affranchit.
Dans ce pays où chaque acte illégal est un acte de résistance (qui peut coûter cher), la police des mœurs a pris le pouvoir sur les parents, qui se désolent d’avoir cru en une révolution dont ils essaient, bourgeois, de se préserver par leurs moyens (rôle public et argent).

Tout cela est légèrement gâché par un rythme trop lent qui empêche de créer un suspens, une tension. L’angoisse, dans ce film, est diffuse. On s’intéresse davantage à ces caméras qui surveillent faits et gestes d’une famille qu’à l’éventuel dénouement mélo ou dramatique. Bien sûr, parfois, le dilemme moral nous captive. Voir un père se résigner à une fatalité politique amène quelques questions. Il est regrettable que le personnage de la mère soit aussi succinct, elle qui va, à un moment donné, narguer l’autorité.

Tout nous ramène aux deux jeunes femmes. Shirin et Atefeh. En secret est un portrait en creux de la féminité et un miroir sur le dédoublement. Le constat d’échec qui en ressort démontre que les lendemains ne chanteront pas de si tôt en Iran. Mais Keshavarz nous laisse perplexe avec un film qui s’est lui même doublé entre critique politique et drame romantique. A l’image, elle n’a pas su choisir entre Shirin et Atefeh. Elle aurait dû voir très vite qu’elle était Atefeh, amoureuse de Shirin. Ça lui aurait évité quelques plans superflus et autorisé quelques coupes.
 
vincy

 
 
 
 

haut