Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Une seconde femme (Kuma)


Autriche / 2012

06.06.2012
 



J.F. PARTAGERAIT APPARTEMENT





«- C’est un très joli mariage. Presqu’aussi passionnant qu’un match de foot du championnant autrichien.»

Ces dernières années, de Fatih Akin à Une séparation, les réalisateur abordant l’immigration musulmane en Europe germanique ou la confrontation des anciens avec les modernes au sein d’une communauté à cheval sur les traditions, ont produits des œuvres marquantes, et souvent universelles. Une seconde femme est assurément dans le haut du panier, parmi ces œuvres. Subrepticement, ce qu’on croyait avoir déjà vu de nombreuses fois au cinéma s’avère une œuvre singulière et marquante grâce à un scénario riche en retournements, des comédiens, tous excellents, immergés dans leurs personnages et surtout, une mise en scène subtile et efficace qui nous saisit du début à la fin.

Il n’est pas recommandé de raconter l’histoire, sous peine de révéler les faux-semblants qui font toute la richesse du film. Ce que l’on croit ne se produit pas. Ni l’amour, ni la mort, ni les intentions ne sont celles que l’on devine.
A priori, il s’agit d’un récit classique : un mariage arrangé entre une très jolie jeune turque résidante en Turquie et un beau jeune homme turc vivant en Autriche. Rapidement, le premier twist va nous faire comprendre que la jeune fille va plonger dans un film d’horreur : un appartement avec ses pièces cloisonnées, son couloir à la Shining, ses habitants mesquins, méprisants ou simplement méchants. Bien sûr le sang ne coule pas. Ici, la terreur est verbale, l’emprise est psychologique, le piège est celui d’une vie ordinaire d’une famille refusant de s’ouvrir au monde qui l’entoure.

L’héroïne va progressivement vouloir s’émanciper de cette fatalité, jusqu’à fuir vers l’irréparable. Soumise au départ, perdue et déracinée, cette « femme objet », esclave malgré elle, va essayer de reprendre son destin en main, avec intelligence et habileté. L’étrangère devient familière. Elle passe du statut de substitution à celui de libération.
Ce qui frappe davantage dans Une seconde femme c’est qu’il s’agit avant tout d’un film de femmes. Les hommes sont rapidement écartés du récit d’une manière ou d’une autre, laissant toute la place à la mère, l’épouse, aux soeurs. Du début à l’épilogue, le spectateur découvre finalement, qu’au delà des jalousies, c’est la possessivité, vice pervers, qui est au cœur de ces liaisons dangereuses et affectives. En fille courage, elle va essayer de vivre sa vie, en vain.

Car le film nous conduit vers une issue brutale qui va laisser la première et la seconde femme K.O. Au jeu de la perversité maladive, la première est championne. Elle se projette tant dans la seconde que celle-ci n’a plus le droit d’exister autrement qu’en miroir rajeunissant, telle la Reine emprisonnant Blanche Neige. Les fondus au noir s’accélèrent pour précipiter la "sorcière masquée" dans sa perte. Mais là plus question de mots, il ne restera que les maux, des bleus causés par des coups d’une violence inouïe. La stupéfaction nous saisit et nous comprenons alors, ultime twist, que nous avons vu un drame sur un amour fusionnel et lesbien unilatéral. Entre les murs de cet appartement étouffant, cet amour ne peut plus que se traduire par la mise à mort. Jusqu’à l’épilogue moral qui condamne définitivement ceux qui croient pouvoir manipuler la vie des autres.

Poignant et révoltant, ce terrifiant drame psychologique évoque subtilement la condition féminine de musulmanes, déchirées entre leurs traditions originelles et leur quotidien occidentalisé ; et parfois la femme est une louve pour la femme.
 
vincy

 
 
 
 

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