Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les mouvements du bassin


France / 2012

26.09.2012
 









"- C'est vrai qu'on t'a viré du Zoo parce que tu déprimais les animaux."

Tout ne serait qu’une question d’accouchement (des idées). Ou de transformation. La mue est parfois difficile à opérer quand elle ne peut se suffire à elle-même. Ainsi, le regard de l’autre dans sa reconnaissance éternelle prend une importance démesurée. Et pour HPG, dit Hervé-Pierre Gustave, célèbre « hardeur » français initiateur du « Gonzo » made in France, il faut beaucoup plus qu’une programmation à la Cinémathèque française pour s’endormir peinard sur cet acquis. La crédibilité se conquiert par l’action, contre les a priori les plus tenaces.
Auréolé d’un statut de porno-star aussi provoc qu’intello, HPG enchaîne les essais filmiques « auteurisants » à la recherche de sa propre vérité. La mise à nue s’affiche, sincère, authentique, viscérale, un brin goguenard tout de même. Lui, le gouailleur du X, porte désormais sur ses épaules la lourde charge de se plier aux exigences du cinéma traditionnel.

Mais peut-on vraiment se départir d’une partie de soi dans le reniement objectif de ce qui constitue, justement, sa personnalité ? Sans doute que non. Ou difficilement. Point de salut, alors, pour un HPG en forme mais condamné à se piéger lui-même en invoquant une mise en scène cathartique d’un Moi prêt à opérer une métempsychose. Le nouveau HPG est arrivé, bite rentrée, mais sens aux aguets. Après le documentaire On ne devrait pas exister (2005) présenté au festival de Cannes à la Quinzaine des réalisateurs et le doc making-off sur sa personne dans le très bon Il n’y a pas de rapport sexuel de Rapahaël Siboni (2011), HPG saute le pas de la fiction pure et s’entoure d’un casting éclectique réunissant le footballer-philosophe Eric Cantona, l'ex-sociétaire de la Comédie française Rachida Brakni, l'expert en kick-boxing Jérôme le Banner et la cinéaste intello Joanna Preiss.

Entre un paumé rejeté de tous (interprétés par HPG), une trentenaire obnubilée par son désir d’enfant et un couple composé d’un mac et d’une prostituée, la condition humaine s’affiche dans l’aridité de désirs contrariés. Il est question, dans ce désordre froid parsemé de moments vraiment hilarants, de transmission, d’enfantement, d’amour perturbé, de marginalisation, de prostitution, de maladie (pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit du SIDA). Tout s’imbrique, parfois maladroitement, dans un rapport homme / femme redéfinit pour l’occasion. Le regard est multiple, brouillon, presque fataliste. HPG nous parle de ses obsessions et des meurtrissures d’une société discriminante à plus d’un titre.

Si, en effet, nous sommes loin du porno, tout l’univers d’HPG y est embringué. Le film, malgré des thématiques sérieuses, est étonnamment drôle car rythmé par un ton décalé proche du burlesque. Les personnages parlent avec le corps. Ils s’entrechoquent, dansent, hésitent, fuient, osent, titubent, reprennent espoir. La vie est une danse entre la vie et la mort. Un équilibre précaire qu’il convient d’ajuster à chaque instant. Le ballet offert par HPG est improbable, filmé avec les moyens du bord, sorte de réunion étrange des univers de Bukoswki et de Gaspard Noé. La réussite de ce premier long-métrage n’est pas du au hasard, mais à l’autodérision intacte d’un réalisateur s’interdisant de sanctuariser une démarche qui aurait pu tendre vers la masturbation vaine ou la provocation trash.
 
geoffroy

 
 
 
 

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