Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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God Bless America


USA / 2011

10.10.2012
 



AMERICAN PSYCHO





« Plus personne ne discute. On ne fait que discuter de ce qu’on a vu ou entendu à la TV ou sur Internet »

Bobcat Goldthwait avait sans doute beaucoup de choses à dire dans God Bless America. Avec une touche de Todd Solondz, il début son film sur les chapeaux de roue, en nous happant dans un film qui semble aussi drôle que cynique. Son personnage central, misanthrope des temps modernes, pur produit de la violence rentrée de nos congénères, renvoie nos pensées les plus inavouables. La détestation de la stupidité ambiante, la haine de la télévision, tuyau à conneries, font croire que le film sera déjanté, irrespectueux, irrévérencieux. La haine pas l’amour. Le style peut déraper dans le trash. Il va dérailler vers un mauvais Gregg Araki.

Pourtant, de bout en bout, la satire est plutôt drôle. Les pastiches d’émissions TV, l’absurdité des relations humaines régies par des lois trop strictes, la vie au bureau style Dilbert, les conversations ne faisant que répéter ce qui a été vu ou entendu, les réacs et autres extrêmistes non humanistes, toute cette Amérique détraquée se nourrissant de vide va devenir la cible d’un duo à la Bonnie & Clyde, sans limites. Et ça résonne avec justesse. Durant la première moitié du film, la colère rentrée qui se mue en féroce pétage de plombs. C’est un régal pour tous ceux qui se retrouveront dans ce discours d’affaiblissement de la pensée.

Mais le film vire aux jeux du cirque, cruels certes, et dans une tournée « show biz » où le meurtre fait le spectacle, divertissement malsain. Funny Games ? God Bless America tourne en rond et, paradoxe ultime, en vient à se nourrir du vide qu’il dénonce. Tuer les gens ne résout rien. La deuxième moitié du film démontre finalement que l’Amérique, en déclin intellectuel, est dans l’impasse, incapable de se sortir de ses clivages et ses névroses.

Dans cette civilisation où l’image / la phrase choc vaut mieux qu’une vérité, la résistance aurait du être plus finement amenée. Au lieu de ça, le cinéaste, de manière malhabile, réalise une farce (de moins en moins drôle au fil de l’histoire) où le personnage devient tout aussi sentencieux et moraliste que ceux groupes de pression et cette majorité silencieuse qu’il condamne. Là où John Waters dans Serial Mom faisait de son héroïne une « passionnaria » irrésistible, jugée par ses paires, et innocentée, Goldthwait préfère un final grotesque. Son scénario s’achève en carnage, sans créer la moindre piste de dialogues réconciliateurs, ni assumer la folie éventuelle, supposée de ses personnages.

Ce règlement de comptes à OK morale frustre et déçoit. Trop binaire, pas assez maîtrisé. Pourtant le film est amusant et les rebondissements fonctionnent. Fouillis, God Bless America nous laisse perplexe. Est-ce un pur délire qui ne parvient à rien transgresser ? Une réflexion (la fin justifie les moyens) manichéenne légitimant des actes révolutionnaires/anarchistes ? On aurait presque préférer que le cinéaste prenne ses personnages au mot quand, avouant leur haine de leur pays, ils rêvent de partir en France. La fin aurait été digne de ces Américains moyens.
 
vincy

 
 
 
 

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