Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 15

 
La bande des Jotas


France / 2013

06.02.2013
 



LE JEU DE LA JOIE





«- Vous vous appelez vraiment Didier ? Pourtant vous avez pas une tête de con. »

La Bande des Jotas est le premier film réalisé « en solo » par la touche-à-tout Marjane Satrapi. Très très modeste budget, ce film réalisé « en famille », à l’occasion d’un voyage privé en Espagne, donne pourtant la leçon aux comédies françaises. D’abord, parce que le film fait rire, objectif premier de ce genre cinématographique. Le ton est décalé, le scénario est déjanté, les personnages sont barrés. Mais avant tout, La bande des Jotas est une œuvre absurde, qui sort des sentiers battus.

Des cartoons aux films muets de Buster Keaton, en passant par des séries B cultes qui flinguaient façon puzzle autant qu’elles balançaient les répliques qui tuent, ce road-movie est clairement sous influence. Et sous ecstasy. Il n’y a rien de cartésien, rien de rationnel. On poursuit un méchant en tournant en rond. On tue des maffieux au prénom commençant par J, sans l’once d’une preuve. On ne sait rien des motifs de cette femme qui trouve con de s’appeler Didier ou considère les Stéphanie comme des salopes ; et on ignore tout autant comment ils trouvent leurs victimes. Tontons flingueurs et tatie sans miel : du pur délire si on veut bien sortir du cadre comme le loup sortait de la pellicule de Tex Avery.

Satrapi s’est amusée, c’est indéniable. Le générique pop l’annonce d’emblée. Cette liberté de filmer accompagne avec justesse l’aventure dans laquelle elle nous mène. Avec un sens du dialogue méchamment hilarant, elle met les pieds dans le plat, entre gaffes sincères et piques affectueuses. La farce est totale. Cependant ce bricolage ne serait pas à la hauteur de notre plaisir si la musique n’était pas aussi soignée, l’image aussi léchée, le montage aussi habile, le cadrage élégant. Sans être un chef d’œuvre à la Sergio Leone, reconnaissons que cette comédie a bien plus de qualité artistique que les grosses productions françaises de ces dernières années. Sans doute aussi parce qu’elle impose un style plus singulier, avec une inspiration bienvenue concernant les décors.

Satrapi en profite aussi pour se révéler. En tant qu’actrice, pour la première fois, puisqu’elle se donne en spectacle, en chantant, en dansant (dans une station-service), en blasphémant, en dévoilant son humour corrosif, en filmant le haut de la raie du cul de son mari, en slip. La voici « tiers-mondaine » dans un trio ambiguë (on ne saura jamais si ils sont homos ou pas). Mais aussi en tant qu’observatrice : les petits vieux de Bénidorm, la force et la vitalité de l’amitié, la fête et l’instant présent comme dogmes de vie.

Ainsi La Bande des Jotas est un mélange de pamphlet et de conte barré, de film personnel et d’hommage au cinéma. L’expression d’un désir cinématographique si fort que son auteure ne se soucie d’aucune contrainte, d’aucune pression. La foi dans le 7e art avec une caméra à 2500 euros. Hymne à la liberté et à la folie (le final en rajoute une couche), ce film caustique et cocasse laisse une trace : celle d’un énorme sourire sur le visage.
 
vincy

 
 
 
 

haut