Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 20

 
Northwest (Nordvest)


/ 2013

09.10.2013
 



QUARTIER PAS SI LOINTAIN

Le livre Bye Bye Bahia



Cette descente dans l’enfer quotidien d’une cité de Copenhague agonisant sa misère des pauvres gens vaut le détour. Pas par la violence que l’on pourrait y trouver. Ni par un quelconque mélange aphrodisiaque exhumant ses vapeurs sensationnalistes. En fait, tout s’articule autour des âmes, dans la réalité d’une sociologie âpre, crue, crédible car immersive.

Michael Noer use de l’uppercut sec. Du début à la fin. Pas de temps mort pour cette vie de l’urgence, de la démerde, des coups foireux, des laissés-pour-compte. Northwest propose une vision radiographique de la marginalité, la filme avec justesse, sens du propos, recherche du cadre vrai. Le réalisateur ne juge pas ces gamins. Il appose son regard chirurgical sur les dangers d’un environnement déstructurant dans lequel les plus faibles n’ont pas la moindre chance.

Petite précision. Le réalisateur de 35 ans vient du documentaire. Dès lors, il n’est pas surprenant de le voir imbriquer expérience du réel et fiction de cinéma afin de nous conter la trajectoire chaotique de Casper, gamin à peine adulte (il a tout juste 18 ans), en proie à la noirceur d’un spleen lancinant où il faut faire ses preuves quand on n’a pas le choix. Sûr de ses choix, Michael Noer ne change jamais d’angle de vue ni de perspective. En résulte un long-métrage à fleur de peau capable de nous émouvoir aux larmes malgré son ancrage au réel qui tient du viscéral (les adieux de Casper à sa petite sœur Freya sont d’une émotion rare).

Le réalisateur danois a refusé avec courage de se laisser corrompre. En effet, il évite soigneusement la complaisance gratuite autour des deux frères pris au piège dans l’engrenage de la violence ordinaire. Le dosage est subtil, certes. Mais gagnant. Ce qui compte avant tout, le déroulement des choses. L’inéluctable est en marche comme happé par la voracité d’un quartier chaud démystifié dans sa délinquance, sa criminalité, son no man’s land pour jeunes abandonnés en manque de repères. L’identité de Casper se forge dans l’angoisse permanente d’une lutte contre lui-même et surtout du caïd qu’il se crée et qui devient trop lourd à porter.

Ici point d’originalité scénaristique ou de twist final savamment orchestré. Ce qui compte aux yeux de Noer passe par l’environnement, qu’il soit familial, issu de la rue ou du gang. Le film se nourrit alors d’un climat anxiogène fort propice à l’émergence d’atours cinématographiques capables de rendre compte de la violence inouïe à laquelle nos deux frères sont confrontés. Northwest nous touche au cœur autant qu’aux tripes puisqu’il propose une approche de cinéma par le geste – mise en situation pour analyser, comprendre, réfléchir – jusqu’au point de non retour. Le cinéma de Michael Noer s’affranchit du symbolisme d’un Nicolas Winding Refn pour aller triturer la sociologie d’une jeunesse en quête d’existence. Le dernier plan, saisissant à plus d’un titre, ne laisse, hélas, pas beaucoup de place.
 
geoffroy

 
 
 
 

haut