Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mandela, un long chemin vers la liberté (Mandela: Long Walk to Freedom)


/ 2013

18.12.2013
 



CALVAIRE





« Seuls, vous êtes petits. Votre peuple est grand. »

Etait-il possible de retracer une vie aussi mouvementée que celle de Nelson Mandela à travers un film, certes long ? Evidemment, non. Comme tout biopic, Mandela, un long chemin vers la liberté accentue certains faits, en oublie d’autres, tord la réalité du temps (les 27 ans de prison n’occupe pas la même proportion du film) et contourne les difficultés avec des astuces scénaristiques (l’enfermement par exemple, en sortant la caméra de Robben Island régulièrement).

Si l’homme était audacieux, le film ne l’est assurément pas. Certes, c’est un bon résumé, vulgarisateur de l’Histoire, d’un destin extraordinaire. On ne pourra pas non plus reprocher d’avoir montré Mandela sous ses aspects les moins connus comme ses infidélités matrimoniales, son athéisme revendiqué, ni d’avoir axé le film sur sa relation chaotique avec sa deuxième épouse, Winnie, qui donne un aspect dramatique pour ne pas dire rhétorique au film et pose la question politique de savoir comment renverser un régime comme celui de l’Apartheid.

Enfin, reconnaissons à ce biopic d’avoir un certificat d’authenticité : tourné sur place, avec essentiellement des acteurs sud-africains, écrit à partir de l’autobiographie de Madiba himself.
Cela ne suffit pas au film pour se détacher d’un formatage hollywoodien qui satisfera les moins exigeants mais qui frustrera les spectateurs en attente d’un portrait subtil.

De son enfance à sa présidence, nous suivons donc les grands épisodes de l’icône. En débutant le film avec un rêve au cœur de son village natal, Justin Chadwick s’orientait vers un portrait psychologique. Que nenni. De Gandhi au Majordome, en passant par d’autres films comme Ray, le film est en quête de plans marquants et de belles images (on peut admirer la somptuosité des paysages plusieurs fois). Il s’appuie sur ses deux acteurs (et la musique) pour jouer les fils conducteurs du mélodrame. Hélas Idris Elba ne ressemble pas vraiment à Mandela (peut-être un peu quand il l’incarne dans sa jeunesse) et Naomie Harris (bien plus crédible) n’a pas la rondeur de Winnie durant le dernier tiers du film. Ce manque de crédibilité nuit à l’adhésion. Ce n’est pas une question de jeu, mais de mirage : dans un biopic, on ne veut pas croire au mimétisme, on veut croire au reflet (c’était le même problème avec le récent Diana).

Heureusement, la vie de Mandela est passionnante. Son insoumission, ses jouissances, sa détermination dans un pays qui fait de la ségrégation une règle suprême permet d’enchaîner des séquences variées et de ne jamais décrocher. « Mandela pour les Nuls » réveillera les mémoires à ceux qui ont oublié ce régime inique, ce pays plongé dans l’extrême violence, cette justice qui préféra l’emprisonner à vie plutôt que de le condamner à mort, pour ne pas en faire un martyr (ils en feront une gloire internationale), cette épouse torturée qui se radicalisera au point d’enflammer les ghettos, ces négociations interminables qui amèneront Mandela à sa libération… Tout cela est montré. Efficace, indéniablement, le film souffre malgré tout de son aspect sirupeux (musique omniprésente, ralentis qui tuent l’énergie du début, lourdeurs sentimentales).

Didactique en diable, c’est sur la fin que Mandela, un long chemin vers la liberté trouve enfin sa voie : en entrant dans la tête de son héros. En nous révélant où se situaient ses blessures intimes, sa rage contenue, sa force philosophique. Où se situait son sacrifice. En quelques scènes, on comprend pourquoi Mandela se situe au dessus des autres, pourquoi il est devenu Mandela.
Mais c’est tardif. Et un film était peut-être une tentative trop ambitieuse pour comprendre que la liberté d’un homme, d’un peuple n’est pas un long calvaire mais avant tout une construction logique et intelligente où il faut faire confiance au temps et aux idées. Or le film, qui ne manque ni de temps, ni d’idées, refuse l’un (la contemplation, la méditation) et l’autre (la parole, l’esprit), de peur, sans doute, d’ennuyer le spectateur.
 


 
 
 
 

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