Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Cour de Babel


France / 2013

12.03.2014
 



LA COSMOPOLITE





"- Avec qui tu t'entends dans la classe?
- Personne! Moi-même.
"

Chacun à des rêves qui lui trottent dans la tête. Les enfants de la classe d'accueil du collège de la Grange-aux-Belles, dans le 10e arrondissement de Paris en ont aussi. Non-francophones, ils ont débarqués de différents pays pour étudier en France. Même si tout cela n'est pas facile pour eux, ils sont d'un optimiste entraînant, à des années lumières de l'image que la France véhicule en ce moment avec sa déprime, son pessimisme, son repli et sa tendance xénophobe. C'est ainsi que dans cette classe se mêle la Biélorussie et la Chine, que le Sénégal frôle le Brésil ou que l'Angleterre touche la Mauritanie. Le monde tient sur quelques chaises. Une classe aux cultures différentes et aux nombreuses histoires. Un élève qui vient étudier le violoncelle, un autre qui fuit une dictature nazie (et oui ça existe encore... on ne vous a jamais dit que la mauvaise herbe ça résiste à tout?) ou encore une autre qui recherche l'asile politique. Et tout ça, en français, avec des accents qui font plaisir à entendre. Un sacré mélange et pourtant peu de tension. Une ouverture et une solidarité qui règnent en maître sur ces enfants. Par les temps qui courent ça donne à réfléchir.

"Différence...ressemblance" tel est le slogan de ces chérubins. Peu importe leur couleur, religion, pays ou langues, ils ont le même but, les mêmes envies et les mêmes problèmes.

Quelques personnages haut en couleur poussent le spectateur à passer d'un passé dramatique aux rires bien présents. Ainsi, la petite Djenabou qui affirme que son meilleur ami dans la classe c'est Dieu, Luca qui maudit les mathématiques ou encore Felipe qui se demande si les chinois ne sont pas en faite des extraterrestres. Tout ce florilège riche en sensation est accentué à travers un débat sur la religion où les enfants posent des questions sur l'existence de Dieu et même sur la couleur de peau d'Adam et Ève.

Leur innocence et leur tolérance font rêver, fait pleurer. Dans cette cour de Babel, Julie Bertuccelli a su capter ses moments d'échanges entre ses enfants: les clashs qui finissent en rire, les câlins bourrés de larmes ou encore leurs histoires toutes plus émouvantes les unes que les autres.

Entre tristesse et humour, cette classe peu commune grouille de simplicité et d'une joie de vivre communicative. Ce ne sont plus des camarades, ni des amis qui se matérialisent à l'écran mais une famille qui oublie ses différences. On aurait presque envie de retourner à l'école. Ce discours positivistes porté par 24 destins qui croient encore aux vertus de l'école républicaine et de la devise Liberté, égalité, fraternité, tend un miroir que les médias ne veulent plus voir. Dans cette quête de bonheur, entre déracinement et épanouissement, la réalisatrice tient un sujet réel de fiction. Mais, contrairement à Laurent Cantet dans Entre les murs, elle préfère libérer leurs paroles dans le cadre d'un documentaire : un huis-clos qui ne les montre que dans le cadre du collège, à l'écart d'une société pas forcément bienveillante.

Comme toujours la cinéaste s'intéresse avant tout à ses personnages, à leur psychologie, leurs sensations. L'adolescence, matériau en mutation permanente, lui offre tout ce qu'il faut en actions/réactions. Julie Bertuccelli signe un portrait peut-être utopiste, assurément optimiste, comme les récents Sur le chemin de l'école ou Être et avoir. Elle veut sans doute croire qu'une autre France est en bourgeonnement. Que le métier de prof est encore formidable. Brigitte Cervoni, la professeure de français, joue ainsi la chef d'orchestre de cette chronique enthousiasmante et lumineuse, cherchant l'harmonie parfaite de sa chorale étrangère. Cela donne un hymne que les spectateurs ne sont pas prêts d'oublier.
 
cynthia

 
 
 
 

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