Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 22

 
Valse pour Monica (Monica Z.)


/ 2013

19.03.2014
 



LA VALSE A MILLE TEMPS

Le livre Bye Bye Bahia



"Tout ce que j'entends dans cette maison, c'est : ne te crois pas extraordinaire."

La vie de Monica Zetterlund sonne comme une belle mélodie qui, à force de tourner en boucle, finit par s'érailler. A l'image de l'affiche, où l'actrice Edda Magnason apparaît, lumineuse, mais cerclée de noir, le film de Per Fly met en scène les facettes les plus sombres de la célèbre chanteuse suédoise. L'ambition et la soif artistique qui habitent la jeune femme la poussent à préférer la scène à sa propre vie. Dès l'ouverture du film, la jeune chanteuse croule sous les applaudissements d'un public local conquis. Avec son port de reine et ses airs de Grace Kelly scandinave, la belle a tout d'une star. Mais ses collants sont encore troués, et son mal-être permanent.

Le réalisateur s'attaque à une figure récurrente dans nombre de biopics : celle de l'artiste seule et incomprise. Tour à tour fragile, effrontée, égocentrique et vulnérable, Monica réalise l'exploit de chanter du jazz en suédois. Malgré les échecs à l'international, dans un club new-yorkais et à l'Eurovision, son succès fait l'unanimité. Partout, sauf chez elle, dans la petite bourgade de Hagfors, qu'elle veut quitter au plus vite. Bengt (stupéfiant Kjell Bergqvist), son père, trompettiste raté, l'accuse de n'être jamais satisfaite. Rien ne semble en effet l'arrêter dans sa quête, pas même sa fille, qu'elle élève seule depuis ses 17 ans.

Car au-delà de l'ascension d'une chanteuse douée et ambitieuse, le film raconte surtout le combat d'une femme pour poursuivre son rêve, quel qu'en soit le prix. Pour se donner les moyens de réussir, Monica sacrifie sa tranquillité d'esprit, sa santé, sa vie intime et même (tabou ultime) son rôle de mère. Pire, elle le fait en connaissance de cause, parce que renoncer serait encore plus douloureux que de décevoir sa fille. Ce dilemme moral rend plus sensible la passion dévorante de la jeune femme pour la musique, et lui donne en même temps une portée éminemment universelle. Dans le domaine artistique comme dans la vie de tous les jours, le goût du succès est souvent amer, surtout si l'on est une femme.

Alors que les concerts, les soirées mondaines et les collaborations s'enchaînent, la réalité de Monica chancelle. Dans la première partie du film, elle apprend les erreurs à ne pas commettre, notamment dans sa rencontre avec Ella Fitzgerald, qui la somme d'arrêter d'être quelqu'un qu'elle n'est pas. Un conseil qu'elle appliquera à sa manière. Car Monica construit son propre monde, faisant fi des choses et des gens qui se mettent en travers de son chemin. Au sein de son propre groupe, elle s'improvise chef d'orchestre et impose sa mélodie. Mais la vie, hélas, n'a rien d'une partition. La chanteuse l'apprend à ses dépens.

Alcool, médicaments, vie sentimentale houleuse... Le mythe de Monica Z. se délite. Per Fly évite cependant tout jugement susceptible de réduire la chanteuse à son chaos intérieur. Si le scénariste Peter Birro a choisi de condenser les éléments de sa vie sur une période réduite, le film n'en reste pas moins fidèle à la légende qui a marqué (et continue de marquer) la Suède et le Danemark. La collaboration avec le pianiste Bill Evans et le mariage avec Sture Ȃkerberg font figure d' happy ends qui, loin d'être gratuits, permettent au film de délivrer un message sincère sur l'amour de soi.
 
Emeline

 
 
 
 

haut