Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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All About Albert (Enough Said)


USA / 2013

26.03.2014
 



QUAND EVA RENCONTRE ALBERT





 « J'ai écouté cette femme calomnier le mec que je commençais à apprécier »

Eva (Julia Louis-Dreyfus, aussi merveilleuse que dans Seinfeld) trimbale sa table de massage comme elle trimbale sa propre vie. Un premier plan symbolique la montre en train de marcher dans la rue, suivant sans s'en rendre compte les flèches peintes sur des tôles en arrière-plan. Le quotidien de cette mère divorcée semble condamné à se répéter. Mais la vie d'Eva est sur le point de changer. Sa fille, Ellen, part à l'université. Dès lors, il va s'agir pour la jolie quinquagénaire de donner un nouveau sens à son existence.

Un enjeu définitivement moderne pour la réalisatrice Nicole Holofcener. Celle-ci filme ses personnages dans leur zone de confort pour souligner un besoin constant de sécurité et de stabilité. Lors d'une soirée, Eva rencontre Albert – un homme « normal », tendre et rassurant –, mais aussi Marianne, poétesse et mère divorcée, qui bouleverse sa petite vie de citadine. Elle aura d'ailleurs du mal à croire qu'on puisse encore vivre aujourd'hui en écrivant des poèmes...

Tout est fabuleux chez Marianne – hippie pour le moins matérialiste. Sa maison, ses cerfeuils, sa philosophie. Pour Elsa, c'est une héroïne. Parallèlement, elle débute une relation avec Albert. Une relation spontanée, basée sur l'honnêteté et l'humour. Albert a ses petites manies et une technique de drague irréprochable (« J'ai les oreilles poilues » lance-t-il à leur premier rendez-vous). Le film exploite les différentes facettes de la personnalité d'Eva à travers ces deux nouvelles relations.

Mais dans All About Albert, les parallèles en viennent à se croiser. Un retournement de situation jubilatoire permet au comique de Julia Louis-Dreyfus de se déployer et à l'intrigue de se complexifier. Eva finit par douter de son nouvel amour et de récente idole. Un jeu de miroir se met alors en place : Eva se comporte comme Marianne et oublie la spontanéité des débuts. Tout cela va faire exploser les relations de ce trio, chacun jugeant l'autre, influence l'autre et ne réagit que par rapport à soi, ou à ses peurs. L'honnêteté est ainsi compromise par la redoutable envie d'être aimable. Car l'erreur d'Eva est des plus communes : la peur. Peur de se tromper à nouveau, comme avec son premier mari. Elle et Albert forment un jeune couple dans l'entre-deux, après un divorce et avant un possible remariage. Une position aussi inconfortable qu'effrayante.

Le temps est compté : il faut aller vite. La première partie du film hérite d'une écriture très contemporain, avec un langage parfois cru, des situations caustiques, des répliques ironiques. "J'en ai marre d'être drôle. - Moi aussi. - Sauf que t'es pas drôle." Les punch-lines font notre bonheur de spectateurs et les deux comédiens principaux savent les balancer à merveille. Dommage alors que la deuxième partie, quand le scénario s'enrichit de mélancolie, de mesquinerie et de mélodrame, ait du mal à garder le même équilibre. Comme si le film était scindé en deux et ne parvienne pas à rattacher ses deux visions. Le venin empoisonne la belle histoire d'amour qui devient un banal drame de la vie conjugale.

Simple mais pas simpliste, All About Albert est une comédie douce-amère, sensible même, qui a le don de faire sourire et réfléchir. Elle porte au pinacle le grand James Gandolfini, décédé peu après le tournage. Il y révèle une facette de son jeu d'acteur qu'on ne lui connaissait pas. L'ultime plan lui rend un bel hommage, laissant de lui une dernière image : un être lumineux, assis au bord du monde.
 
Emeline

 
 
 
 

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