Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Hunger Games: La révolte - 1ère partie (The Hunger Games: Mockingjay - Part 1 - Hunger Games 3)


USA / 2014

19.11.2014
 



LA PRODUCTION DE L'IDÉOLOGIE DOMINANTE





"Le feu se propage, et si nous brûlons, vous brûlerez avec nous!"

Concrétisation d'une civilisation contrôlée atrocement par le gouvernement (et la propagande médiatique), les Hunger Games se sont achevés à tout jamais sous les yeux enragés de son inspirant le président Snow. Katniss, héroïne et gagnante malgré elle des jeux, se voit endosser la lourde tâche de conduire le peuple à la révolte. Ou comment un jeu-réalité se transforme en coup d'état. Voilà comment commence ce troisième et avant dernier volet des aventures de Hunger Games. Katniss joue toujours de ses flèches mais cette fois, elle les dirigent vers le Capitol et son président. Ce dernier aussi a une arme redoutable: Peeta qu'il retient en otage. Des chaînes officielles aux vidéos pirates (comme un écho pas si lointain à notre monde), les deux clans vont s'affronte à coups de médias. Une véritable guerre froide, sous l'emprise de la terreur,  avant le grand final.

Katniss, devenue emblème de la rébellion et toujours incarnée par une Jennifer Lawrence idoine pour le rôle exigeant du charisme et de la sensibilité, revient plus adulte et forte que jamais. Au revoir la fille du feu et ses fans, là voilà geai moqueur et en quête d'un peuple meurtri par le gouvernement. Elle se soumet au cri du peuple, consent à devenir l'élue, prépare sa revanche. Finis les petits sourires et des robes enflammées à l'écran, elle veut voir le Capitol en flamme et sauver Peeta coûte que coûte, quitte à y laisser quelques plumes.

Après la saga Harry Potter ou encore Twilight, les spectateurs et autres lecteurs passionnés par la littérature jeunesse se soumettent à ces volets finaux divisés en deux parties (le lucratif l'emporte sur l'artistique). Stratégie de communication redoutable, cela permet tout bonnement de perdurer la franchise et donc de faire du profit. La saga Labyrinthe ou encore Divergente risquerait de subir le même sort).

Comme Harry Potter s'était arrêté en plein «cliffhanger» (en anglais comprenez une scène de suspens intense), Hunger Games: La révolte nous frustre en plein désarroi, nous plongeant dans une expectative qui devra patienter un an. Forcément, le récit se dilue et le film se complait dans de longues scènes de batailles pour "enrichir" le scénario et le spectacle. Mais qu'on ne s'y trompe pas: la guerre n'est pas une question d'armes mais bien de stratégies. Ici, les combats physiques sont moins importants que la guérilla des images. C'est là où la franchise prend un relief passionnant, et orwellien. Inattendu pour une série jeunesse, Hunger Games  surprend aussi à défier le grand écran en nous focalisant sur les petits (le cadrage est d'ailleurs très serré).

L'autre (bonne) surprise du film tient dans sa dialectique. L'histoire prend le temps de confronter les discours. Et donc d'opposer les clans. Sous son apparence de films mixant les genre (documentaire, reportage, film de guerre, théâtralisation politique...), cette Révolte explore tous les points de vue d'un débat qui n'aurait pas déplu à Bourdieu.

Enfin, difficile de rester de marbre, malgré cette vision glaciale du monde, face à un charnier, un cynisme systémique, et un massacre sans espoir. La série sombre dans une noirceur que seul l'attirance des corps et la force des sentiments peuvent illuminer.

Explosif et captivant Hunger Games: La révolte reste fidèle à sa version papier tout en étant illuminé par le pouvoir du septième art. Une saga en or est en train de tirer sa révérence, avec, au passage, et ce n'est pas négligeable, la manipulation des images. Un décryptage quasiment pédagogique (et effroyable) où les amants d'hier deviennent les ennemis d'aujourd'hui, avec comme enjeu la puissance de l'humain face aux technologies et idéologies. Vaste programme dont la suite est désormais attendue comme le Messie.
 
cynthia

 
 
 
 

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