|
|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Les bêtises
France / 2015
22.07.2015
|
|
 |
|
|
|
SERIAL GAFFEUR
"Depuis que vous êtes arrivé , il n'y a rien qui va!"
Une chute invraisemblable dans un escalator, un attaché-case envolé dans un bus, un chien volant ou encore un barbecue qui prend feu, le quotidien de François, personnage principal des Bêtises, est à l'opposé d'un long fleuve tranquille. Malheur à celui qui côtoie ce gaffeur en série, véritable chat noir qui semble provoquer des catastrophes (hilarantes) partout où il passe... Voilà longtemps que l'on n'avait pas croisé un personnage de cinéma qui évoque tant le Pierre Richard de La chèvre ou du Grand blond..., symbole absolu du maladroit chronique irrésistible ! Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on est ravi de le retrouver, surtout sous les traits d'un Jérémie Elkaïm aussi adorable que gauche.
L'acteur, qui excelle définitivement dans l'autodérision, relève avec brio le pari risqué du film : réaliser une comédie burlesque, par moments totalement déjantée, sur le sujet grave et sensible de l'adoption et de la recherche de ses origines. Avec son air de chien battu, sa gestuelle précipitée et sa diction hésitante, il incarne avec justesse ce jeune homme peu sûr de lui qui nage en eaux troubles depuis trop longtemps et décide de retrouver sa mère biologique coûte que coûte. Le scénario, bourré de fantaisie et d'inventivité, lui offre une partition à la hauteur du défi. Ce qui aurait dû être des retrouvailles sobres et émues se transforme alors en réception ratée, puis en goûter familial kitsch, et enfin en véritable remake de Projet X, tout ça orchestré par notre chat noir, une serveuse stressée, un alcoolique qui se cache, une bande-son qui fait vibrer les abdos fessiers et un organisateur chef au bord de la syncope (Jonathan Lambert pas loin d'un Louis De Funès en panique).
De là, on baigne dans une comédie française et humaine où les rapports familiaux demeurent le sujet primordial. Dans cette famille sans histoire, tous sont détraqués, à la dérive, et assez seuls. François et son grain de malchance ne seront finalement que le révélateur nécessaire de ce mal-être, un bon prétexte pour rire un peu plus d'eux-mêmes. Remplissant parfaitement sa fonction de catharsis, cette comédie détonante signée Rose et Alice Philippon (deux sœurs dont c'est le premier long métrage) relativise avec tendresse le tragique de situations complexes et douloureuses.
Cynthia
|
|
|
