Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Oriana Fallaci (L'Oriana)


Italie / 2014

05.08.2015
 



UNA DONNA





« - Hurlez Madame Fallaci !
- Comme si j’allais vous faire ce plaisir.
»

Le cinéma italien produit aussi ses biopics. Oriana Fallaci n’y a pas échappé. Grand reporter de guerre, intervieweuse choc, journaliste intrépide et controversée, écrivain de talent, à l’idéologie bien trempée (notamment sur les femmes et la religion), elle méritait sans doute qu’on s’attarde sur son destin très romanesque.

Même si son cynisme ou sa distance par rapport aux gens la rendent parfois peu sympathique, le portrait est laudateur. Le personnage est fascinant. Il était sans doute impossible avec une narration aussi classique que celle proposée par le film d’embrasser tous les thèmes, toutes les époques, tous les enjeux de sa vie. Cette Italienne qui n’aime pas son pays et ne se sent bien qu’ailleurs, qui méprise le journalisme et les puissants mais ne vit que de ça, qui aspire à la maternité et qui finira seule avait de quoi offrir un magnifique portrait de femme. Vaniteuse, arrogante, passionnée, courageuse, malheureuse, … Hélas tout est souvent trop survolé, ou laissé à l’état anecdotique de la chronique.

Ce n’est pas la faute de l’actrice, splendide Vittoria Puccini. Le scénario serait davantage en cause : dans cette mission impossible de faire le tri dans une vie très remplie, il faut forcément faire des choix. Or, le script a préféré faire d’énormes impasses professionnelles, contourné une grande partie de sa vie privée et de ses motifs personnels pour se focaliser sur trois thématiques : l’Islam et la condition féminine (la partie la plus brouillonne sans aucun doute), la guerre du Vietnam, au cœur du conflit, et la fin de la dictature des Colonels en Grèce, où elle croise l’homme de sa vie, le poète et politicien Alexandros Panagoulis.

Si le film véhicule une haute idée de ce que devrait être le journalisme, il est moins convaincant sur les intransigeances et la radicalité d’Oriana Fallaci. Oublions les défauts techniques de l’œuvre, la mise en scène convenue, le récit sans souffle réel, hormis peut-être son histoire avec Panagoulis, véritablement mélodramatique, nous voici immergés dans une histoire, la grande et la petite, du XXe siècle. De Karachi à Saigon, de Téhéran à Athènes, de Milan à New York, nous sommes baladés par cette femme libre comme l’air (ou libre comme le vent en italien).

Working Girl insatiable ? C’est pourtant son épisode amoureux, sans doute parce qu’il est le plus sensible, le moins extraordinaire, le plus intime, qui nous séduit le plus. C’est aussi parce qu’il est le seul chapitre où le personnage principal est confronté à ses contradictions et doit partager l’écran (avec Vinicio Marchioni, parfait dans le rôle de Panagoulis). Il y aurait eu de quoi faire un film entier. La liaison dangereuse entre une journaliste italienne et une victime de la dictature grecque mériterait un film comme elle a produit un grand livre, Un Homme. Love during Wartime… Tout cela nous conduit à un ensemble de frustrations. C’est d’autant plus paradoxal qu’Oriana Fallaci avait de la rage et de l’orgueil, de la colère froide et une lucidité rationnelle. Elle refusait les diktats. Or, le film de Marco Turco l’étouffe dans un carcan où les liens sont mal attachés, mélangeant l’envers du décor (assez flou) et l’endroit (les luttes contre les impérialismes). Il manque une vérité à cette histoire. Ce qui est un comble pour une journaliste qui en avait fait sa profession de foi.
 
vincy

 
 
 
 

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