Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Tsili


Israël / 2013

12.08.2015
 



LES ÉGARÉS





«- Pourquoi tu ne dis rien ? »

C’est une œuvre aride et presque expérimentale que nous propose Amos Gitaï avec Tsili. Un cinéma épuré qui ose un langage plus visuel que narratif. Le film est scindé en deux parties distinctes : un égarement en forêt, sorte d’Eden où Eve (Tsili), femme sauvage, mutique et craintive, rencontre Adam (Marek) ; un exode vers la Terre Promise.

Le temps s’étire. Il faut un quart d’heure pour que Tsili croise Marek, plus d’une demi heure avant qu’il ne la touche, une heure avant de s’échapper de cette forêt. Gitaï ne cherche pas à séduire mais à nous envoûter. De même, il laisse le spectateur interpréter lui-même les informations sporadiques du scénario. On ne comprend que tardivement la période des événements, le contexte du récit. On entend bien quelques sons qui nous font prendre conscience d’un conflit lointain. Mais c’est après vingt minutes de film que l’on situe l’histoire en pleine seconde guerre mondiale. Tsili et Marek sont des rescapés miraculés de la Shoah alors que la Guerre bat encore son plein.

C’est avant tout une histoire de survie, de solitude, d’errance. Le regard d’un cinéaste sur l’horreur absolue, celle qui impose le silence, une forme de naturalisme et le rapprochement charnel instinctif, protecteur. La pensée est inexistante. Tout peut paraître étrange, abstrait, comme un solo de danse contemporaine auquel on voudrait donner un sens cartésien. Or ici, il ne s’agit pas de motifs particuliers ou d’explications spécifiques.

Tsili est davantage un poème, un chant peut-être, une fable triste qui s’achève en prière. Il n’y a pas d’enjeu, le drame existe de par lui-même. Du générique chorégraphié à l’épilogue presque théâtral (un long récit en voix off sur un plan fixe), le cinéaste joue avec différentes formes de cinéma. Sa caméra est pudique, distante, osant quelques plans vus du ciel, comme si Dieu protégeait le couple, ou était témoin de leur amour naissant.

«- Si on était des oiseaux, on volerait par dessus les mers vers des pays chauds ».

Tsili est surtout un film d’une dureté et d’une tristesse insondables. La lenteur du film accentue même cette impression. Un choc post-traumatique palpable. Sans que le cinéaste ne montre quoique ce soit des atrocités vécues. La musique adoucit un peu ce sentiment de perdition. Mais la peur est omniprésente, la vulnérabilité. Ces êtres blessés, et Tsili en premier lieu, témoin épargnée revenue des Enfers, sauvée du Temps des Loups, portent en eux un malheur éternel.

C’est admirablement illustré, intelligemment traduit par l’image. Même si cela déconcertera, déroutera et peut-être ennuiera des spectateurs non avertis qui trouveront cela trop mystérieux voire hermétique.
 
vincy

 
 
 
 

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