Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Francofonia


Russie / 2015

11.11.2015
 



OCCUPIED LOUVRE

Le livre Bye Bye Bahia



« J’ai le sentiment que je suis entouré de livres et je parle tout seul »

Drôle d’ovni que ce Francofonia d’Alexandre Sokourov. Loin de ces exercices de style ultra-esthétiques, le cinéaste russe livre un film expérimental déroutant. Dès le générique, nous sommes ballotés sur une mer agitée. Le réalisateur parle en voix off, à l’étape de la post-production du film, avec un capitaine de bateau transportant des œuvres d’art. On ne voit pas très bien le rapport. Mais on nous l’assène : « les forces de la mer et de l’Histoire sont ainsi, sans pitié et sans raison ». Le Louvre sous l’Occupation persévèrera dans ce voyage dans le temps, entre présent et passé, où le seul lien qu’il tisse est une réflexion philosophique sur la culture, le pouvoir et la civilisation.

D’un point de vue narratif, il ne faut rien attendre de cet « essai » documenté. Nulle émotion, ni même trame dramatique. Sokourov évoque le XXe siècle en l’abordant par le deuil : celui des « pères » perdus, les grands auteurs russes. De là, est né le chaos : la Révolution russe, la seconde guerre mondiale… et pourtant le musée de l’Ermitage à Saint-Petersbourg comme le Louvre à Paris survivent aux carnages. « Qui voudrait d’une France sans Louvre, ou d’une Russie sans Ermitage ? » nous interroge-t-il… Le cinéaste réfléchit à voix haute, illustre ses pensées par des allégories maladroites (Marianne criant « Liberté, égalité, fraternité », ça agace à force de répétitions). Il est davantage convaincant lorsqu’il filme son sujet : le musée, ses œuvres, son histoire et sa résistance face aux Nazis.

De beaux effets visuels, des vues aériennes de Paris majestueuses permettent de sublimer ce qui reste en permanence un « work in progress » qui ne cherche jamais à être achevé. Photos (étonnantes), images d’archives, vieux films, reconstitutions, scénographie quasi théâtrale s’entremêlent. Il nous séduit lorsqu’il relie le peuple européen à ces portraits peints à travers les siècles. Cet éloge de l’art est sans doute ce qui vaut le détour. Davantage que son discours parfois critiquable sur l’histoire française. Critique, il est lui-même quand il s’agit des puissants, de Pétain à Napoléon (mais que serait le Louvre sans les butins des conquêtes napoléoniennes ?). Avec satire ou ironie, il se complait dans ce dialogue complice qu’il entreprend avec le spectateur.

Mais on reste à l’écart de la véritable histoire du film, cette liaison fructueuse entre un gradé allemand nazi et un éminent conservateur du plus grand musée du monde. Deux aristocrates, deux élites qui parlent le même langage quand il s’agit de protéger l’art de la barbarie, de sauver ce qu’il reste d’une civilisation (et c’est d’ailleurs là qu’on en apprend le plus). La Russie n’aura pas eu cette chance. Napoléon, Staline, Hitler : les ombres des « molochs » hantent le film. Mais à trop vouloir « faire original », Sokourov nous perd dans les couloirs de ce vaste musée, qui ne révèle finalement que peu de secrets. La fascination du cinéaste sur cet objet précieux remplis d’œuvres inestimables semble avoir paralysé tous ses moyens. Lassé sans doute de ne pas avoir trouvé le bon angle, il a préféré abandonner son projet en l’état, imparfait et riche, frustrant et intriguant.
 
vincy

 
 
 
 

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