Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 21

 
21 nuits avec Pattie


France / 2015

25.11.2015
 



PARLER ET FAIRE L’AMOUR

Le livre Bye Bye Bahia



"Je couche toujours le premier soir."

Les frères Larrieu sont de retour avec un film insolent et léger dont les thématiques éminemment charnelles s’inscrivent dans la droite ligne de leurs opus précédents. Ode à l’épicurisme, à l’amour physique et aux beaux paysages, 21 nuits avec Pattie explore fantasmes et fantasmagories avec une gourmandise désarmante.

Tout commence avec la blonde Caroline venue enterrer sa mère Isabelle dont elle n’était pas très proche. Après un voyage semé d’embûches (elle percute même une biche avec sa voiture, si ça ce n’est pas un signe du destin !), elle rencontre Pattie, à la blondeur encore plus spectaculaire, qui ne ménage pas ses efforts pour profiter de tous les plaisirs de la vie. Les deux femmes se lient d’amitié, c’est-à-dire que Pattie parle et que Caroline écoute, interloquée, cette parfaite inconnue lui raconter avec force détails ses aventures sexuelles. Mais la douceur de vivre est communicative, et Caroline se laisse peu à peu contaminer par la sensualité chaleureuse qui irradie ce coin perdu du sud de la France.

Au milieu de cette intrigue au fond extrêmement terre-à-terre (la rencontre de deux mondes qui n’ont pas grand-chose en commun) se greffe une once de fantastique, avec un cadavre qui a la bougeotte, un (peut-être) grand écrivain qui surgit de nulle part et un fantôme qui prend des bains. On est clairement plus dans l’humour que dans l’épouvante, en témoigne le comportement nonchalant, quoi que très professionnel, du policier local étonnamment calé sur les déviances liées à la mort.

Au-delà des situations savoureuses, ce qui ravit au plus haut point le spectateur, ce sont les dialogues tantôt gourmands et sensuels, tantôt ironiques et brillants, qui mettent aux prises comme autant de joutes verbales ahurissantes les excellents protagonistes du récit. Mention spéciale à un peu près tout le casting, qui joue avec le plus grand sérieux des séquences systématiquement teintées d’une tonalité burlesque ou même délirante. On adore l’ingénuité verbale de Karin Viard, la séduction solaire d’Isabelle Carré, la faconde culottée d’André Dussolier, sans parler des seconds rôles comme Laurent Poitrenaux, qui campe un gendarme loin des clichés, et malgré tout étrangement singulier, ou Denis Lavant en trublion paradoxalement ultra-désirable.

Comme souvent dans les voyages initiatiques, l’arrivée en forme de happy end s’avère moins intéressante que le trajet lui-même. La flânerie tranquille de l’héroïne entre forêt, routes de campagne et rivières secrètes, mais aussi entre sexualité sans conséquence, plaisir sans amour et même désir sans vie, l’amène ainsi à changer de point de vue sur elle-même et sur ce qui l’entoure, comme le souligne discrètement un petit artifice de cinéma qui renforce à l’écran cette sensation de métamorphose radicale. La scène de conclusion qui la voit réunie avec Sergi Lopez est d’ailleurs réjouissante, mais presque trop facile. Peut-être attendait-on un ultime pied de nez de la part de ce duo de cinéastes qui ne ménage d’ordinaire pas ses efforts pour nous faire sortir de notre zone de confort moral ou émotionnel.
 
MpM

 
 
 
 

haut