Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sauvages (Couple in a Hole)


/ 2015

06.04.2016
 



HANTISE(S)





On découvre dans une forêt un couple qui vit en ermites, sans contact avec la civilisation, dans des conditions rudimentaires dont ils semblent se satisfaire. Un homme et une femme dans leur caverne, à l'état primitifs. Ils ont choisi le retrait du confort moderne pour s’éloigner de leurs vie d’avant et pour s'isoler des autres. Il ne leur est plus possible d’être heureux. Le trauma qui les a frappé ne sera jamais guérit. Par désir de survie, malgré tout, le mari doit soigner sa femme et trouver un médicament. Ce sera le début éventuel d'un retour à la vie. Mais le couple est en désaccord. L'un veut partir, l'autre souhaite rester.

Sauvages (le titre français de Couple in a hole) avait été la surprise du 26e Festival du film britannique de Dinard en remportant presque toutes les récompenses : le Hitchcock d'or du meilleur film, le prix du meilleur scénario et le prix du public. Comme un encouragement à découvrir un cinéma différent, assez radical, (d’ailleurs c’est un réalisateur belge qui a tourné avec des acteurs britanniques en France…). La mise-en-scène est ici un langage plus important que les mots. Les sens, les gestes et les regards en disent bien plus que les quelques dialogues. Si les français Jérôme Kircher et Corinne Masiero apparaissent à différents moments , le film est presque exclusivement centré sur Paul Higgins (l’homme politique gaffeur de In the loop) et Kate Dickie amaigrie (méconnaissable par rapport à Game of Thrones) dans un état proche d’un retour à une vie préhistorique (branchages pour le feu, chasse de petits animaux et cueillette pour manger…) -. Le récit distille progressivement des éléments de compréhension: qui ils sont vraiment, ce qui leur est arrivé. Mais avant de répondre à ces questions, le spectateur a le temps de se familiariser avec la dureté de ce mode de vie et avec cette relation particulière qui attache ce couple. C'est aussi fascinant que répulsif. Il n'y a aucune volonté de séduire, de nous emporter dans leur folie, de nous faire aimer ce territoire, presque hostile, en tout cas froid comme la mort. Cette révision du mythe d'Orphée, descendu aux enfers pour ramener sa femme Eurydice, se termine évidemment tragiquement. Comme le mythe.

Le réalisateur Tom Green parvient à faire de ce film par moment une expérience immersive avec des gros plans sur ses acteurs, des détails, la nature et la lumière presque sans effets, conjuguée avec la musique onirique de Beak (l’autre groupe de Geoff Barrow, artisan du son de Portishead) livre une expérience assez singulière. Sauvages perturbe un peu mais fascine beaucoup. Dommage alors d'avoir étiré son récit avec quelques scènes redondantes et, surtout de gâcher son épilogue avec une fin fantasque (pour ne pas dire "fantastique" qui choque plus qu'elle ne nous happe et nous interroge. Mais peut-être, à l'instar de tout le film, faut-il oublier toute psychologie et rationnalisme, pour se laisser porter par ce conte macabre et terriblement glaçant.
 
Kristofy

 
 
 
 

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