Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mékong Stories ( Big Father, Small Father and Other Stories)


Vietnam / 2015

20.04.2016
 



QUAND ON A 22 ANS





Le Mekong. Large fleuve qui sillonne le sud du Vietnam et ici véritable personnage reliant les histoires, les gens, la campagne et la métropole d’Ho-Chi-Minh-ville. Ce lien aquatique dans lequel on se baigne, sur lequel on vit, qui charrie la boue, est comme une artère sanguine, vital. Le réalisateur Phan Dang Di vogue ainsi entre plusieurs cinémas d’Asie. Portrait de jeunesse dans un pays en mutation à la Jia Zhang-ke, rapport spirituel et charnel avec la nature à la Apitchapong Weerasethakul et sensualité érotique à la Tsai Ming Liang. Derrière toutes ces tranches de vie, il dessine le tableau d’un pays qui se métamorphose, entre des vieux attachés aux traditions, à la campagne, et des jeunes qui préfèrent faire la fête ou s’épanouir dans les études et les arts. Ce fossé générationnel et social se confronte ainsi à un enjeu : l’argent. De la valeur du kilo de riz à la stérilisation des jeunes hommes pour s’offrir un Nokia, le cinéaste dépeint une jeunesse vietnamienne prête à tout - même ne pas avoir d’enfants, même se prostituer - pour ne pas avoir à suivre la voie des parents tout en assurant leur indépendance.

Car Mekong Stories est aussi un film social: de la brutalité policière à la précarité des jeunes, Phan Dang Di esquisse un pays qui s’occidentalise entre ivresses et oisiveté. Le rythme est d’ailleurs assez nonchalant. La chronique urbaine ou le journal de campagne se laissent écraser par une chaleur qui pousse les protagonistes à vivre plutôt la nuit. Que ce soit dans la jungle ou dans la ville, le film propose de belles couleurs chatoyantes, tout en n’esthétisant pas à outrance le réalisme du sujet.

Amants maudits

Ce réalisme n’est cependant pas l’élément le plus ensorcelant. Le réalisateur nous capte davantage lorsqu’il dévie vers les silences, le rapprochement des corps, et même l’onirisme (cet homme en position fœtale dans la boue…). Parce qu’il aborde la sexualité sans détours (une fille qui caresse le slip gonflé d’un garçon, cet ami qui va empêcher à la nage son amant de se faire dépuceler par une femme, la tentation queer, la vue sur des testicules prêts à être stérilisés), il s’éloigne des références que nous avons citées plus haut et fait davantage écho aux ados de Larry Clark.

Tout ce mélange d’influences et ce morcellement narratif trouvent étrangement une fluidité qui épate tant elle semblait casse-gueule. Le récit que l’on croyait secondaire tend vers un final, certes un peu brouillon, mélancolique et désenchanté. Histoire de paternité : il y a ceux qui se reproduisent et ceux qui ne veulent pas de descendance. La vraie rupture est là.

Cependant, si nous sommes emportés comme cela par cette bande de jeunes, c’est sans doute grâce à un scénario qui ne dit jamais tout et qui révèle certains éléments essentiels tardivement. Jamais moraliste, toujours sublime, le film nous entraîne alors dans une spirale fatale où plus rien n’est vraiment articulé ou expliqué, car tout s’est accéléré.

Mekong Stories nous poignarde alors comme un bon mélo. Car il y a une tristesse insidieuse que véhicule chacun des personnages. Tous subissent leurs erreurs et tous espèrent que l’avenir sera meilleur. Or, au fur et à mesure du film, le réalisateur fait plonger son trio principal dans une forme de noirceur que même l’amour ne peut plus protéger.
 
vincy

 
 
 
 

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