Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Love & Friendship


/ 2015

22.06.2016
 



La mégère indomptée






"Il y a un plaisir à faire qu'une personne qui vous déteste reconnaisse votre supériorité!"

Tel un opéra, Whit Stillman introduit son oeuvre en musique avant de présenter ses personnages uns à uns, sous forme de portraits fixes et légendés. Nous pénétrons ainsi dans le monde loufoque d'une adaptation de Jane Austen. Nommée Lady Susan, ses écrits évoquaient l'histoire de Lady Susan Vernon, une femme vile, intrigante, malicieuse qui utilise sa beauté, son esprit et sa prestance afin d'arnaquer son entourage jusqu’à sa pauvre fille qu'elle veut marier à un homme riche mais doté du Q.I. d'une mouche. De mensonges en mensonges, elle use de ses charmes pour arriver à ses fins, quitte à blesser des gens au passage. Véritable mécène de la manipulation mentale elle écrase de sa supériorité intellectuelle ces ploucs aristocrates en citant, entre autres des références bibliques ("Certes, ce n'est pas un Salomon...le roi-philosophe dans la Bible [...]") que le chantage affectif ou l’humiliation sèche.
Avec ce sacré personnage féminin et si proche de Mme de Merteuil, Love & Friendship est évidemment à lire (traduire) avec ironie. Cette histoire d’un autre siècle n’a pas tant vieilli. Le langage courtois, cet anglais si délicat, ces costumes d’un autre temps nous rappellent que l’époque n’est pas la nôtre, mais pour le reste, le film est résolument moderne, aidé par une mise en scène qui s’amuse avec les codes du genre.

Doux, chaste et so british, regarder un livre de Jane Austen vivre sur grand écran, c'est comme nager dans une tasse de thé parfumée au jasmin: une pure détente. D’Orgueil et préjugés à Raison et sentiments, Jane Austen est source d'inspiration pour le cinéma anglais. Avec Love & Friendship Whit Stillman signe la suite de ce cinéma austenien que l'on aime tant, avec un raffinement à la Downton Abbey et un humour potache typiquement English. Le verbe sert de mouvement et la pudeur masque les plus profonds tourments.

Il est donc difficile de ne pas se laisser séduire par ce méli-mélo en pleine campagne anglaise: les personnages sont attachants, les comédiens excellents, l'intrigue bien ficelée (quoique quelque peu évidente) et l'atmosphère parfaitement reconstituée. Il y a un air de vaudeville tragique dans ces confessions intimes et autres conciliabules de vestibules. Whitman y amène, en plus, un style singulier, propre à lui, déridant toutes ces mœurs corsetées et cherchant à nous faire sourire malgré tous ces psychodrames (notamment une scène de danse légèrement awkward vous fera pétiller la rétine).

Love & Friendship nous entraîne, virevoltant, dans ses filets avec humour et désinvolture: un petit plaisir coupable, comme un macaron au thé vert.
 
Cynthia

 
 
 
 

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