Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Infiltrator (The Infiltrator)


USA / 2016

07.09.2016
 



INSIDE JOB





Nous sommes en 1985, et déjà beaucoup de cocaïne est importée aux Etats-Unis via la Floride : ce trafic de drogue génère des centaines de millions de dollars. Les autorités commencent à comprendre que pour être efficace il ne suffit pas de suivre les chemins de la drogue pour remonter aux cartels de Colombie, il faut aussi trouver les circuits de blanchiment d’argent. L’agent fédéral Bob Mazur spécialiste en infiltration va prendre l’identité de Bob Musella et se faire passer pour un intermédiaire en blanchiment… Au fur et à mesure qu’il rencontre des contacts, il va commencer à négocier d’importants flux d’argent pour le cartel de Pablo Escobar : il lui est nécessaire de devenir ce Bob Musella au quotidien avec une nouvelle fiancée…

 « Les petits détails peuvent faire tuer »

The Infiltrator est l’un des ces films américains dont certains évènements semblent improbables mais parviennent à être crédibles grâce à la célèbre formule "basé sur une histoire vraie" : ici les Mémoires de Robert Mazur ancien agent fédéral. Le film débute avec une longue séquence d’exposition qui sert autant à présenter le héros (sous couverture d’une autre identité, il permet une arrestation) que de nous restituer l’époque d’il y a une trentaine d’année (micro scotché sous une chemise, pas internet…). Le personnage est excessivement "héroïsé" en vertu de sa droiture morale : il pourrait toucher une retraite mais accepte une autre mission d’infiltration, il est marié avec une femme sans jamais lui être infidèle une seule fois… C’est ce trait de caractère foncièrement honnête du personnage qui est en contradiction avec l’univers malhonnête dans lequel il est infiltré : et c’est ça qui s’étend durant tout le film. Il y a bien quelques scènes d’action (accident de voiture, assassinat…) mais le film trouve son rythme au fil des différentes épreuves que le très honnête Bob Mazur doit réussir pour toujours mentir et crédibiliser son identité de Bob Musella. Ce "fake" Bob Musella est censé avoir une vraie société légale pour y faire transiter des flux d’argent illégal. Et avant de se faire confier les millions de dollars des colombiens, il doit d’abord gagner la confiance des différents intermédiaires du cartel… Il doit donc devenir Bob Musella jour et nuit (on connaît la chanson avec quelques films sur le sujet). Il va lui falloir aux yeux des trafiquants une fausse fiancée (en l’occurrence une nouvelle recrue de son service). Cet équilibre entre vie privée qui doit restée cachée pour ne plus exister et cette nouvelle vie publique qu’il faut afficher est particulièrement instable…

« L’économie est accro à la droque »

Bryan Cranston est évidemment impeccable dans la peau de cet enquêteur anti trafic de drogue (l’univers opposé à son célèbre personnage de la série Breaking bad), tout comme son acolyte douteux John Leguizamo (d’ailleurs immense acteur souvent relégué à un second-rôle), c’est moins le cas pour la participation de Diane Kruger. Le film nous raconte une infiltration qui va durer pendant près de deux années en deux heures. Ainsi, le film s’attache à mettre davantage en relief les dangers de cette mission d’infiltration (à la moindre erreur c’est la mort) qu’à bien décrire le dispositif mis en place pour capter les millions de dollars du trafic et suivre comment ils vont être blanchis au profit de qui. Cependant l’histoire de Infiltrator est tout de même limpide sur un rouage du système : une grande banque profite de l’opération tout en sachant très bien l’origine et la destination de ces millions de dollars. Pire elle encourage le blanchiment. On pourrait s’étonner d’ailleurs que les différents intermédiaires du circuit de la drogue (transport, banque, services du gouvernement…) soient déjà bien connus au cinéma avec French Connection, Trafic de Steven Soderbergh, Donnie Brasco, American gangster de Ridley Scott, Paradise lost avec Benicio Del Toro, Sicario et pourtant que ça reste d'actualité...
Le scénario réserve plusieurs moments de tension entre clichés (l’exubérance des trafiquants, des exécutions brutales…) et originalité (une rencontre inopinée au restaurant entre un mafieux et sa vraie femme, un accident de mallette…). Infiltrator est un habile mélange entre fiction et film d’action tout en étant une sorte biopic : il y a véritablement eu une centaine d’arrestations avec la mise en cause de la Bank of Credit and Commerce International.
 
Kristofy

 
 
 
 

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