Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 35

 
Dora ou les névroses sexuelles de nos parents (Dora oder Die sexuellen Neurosen unserer Eltern)


Allemagne / 2015

07.06.2017
 



EXPLORATRICE





"Je veux aussi être en couple."

Dora est dans sa bulle. Parfois, la caméra nous montre son monde, à travers son regard embrumé. Un monde enfantin, coloré, naïf, spontané.

A l’opposé de celui de ses parents : un peu froid, très sérieux, très adulte. Même leur sexualité ne respire pas la chaleur, malgré un épanouissement certain.

Leur fille est trisomique. Ils veulent un deuxième enfant. Le couple, solidement construit autour de leur responsabilité parentale, va progressivement s’effriter jusqu’à se désagréger quand Dora va vouloir être comme eux.

La sécheresse sexuelle qui envahit la mère et le père contraste ainsi avec l’éveil à la sexualité de cette jeune fille pas comme les autres.

La première partie, celle où la situation s’installe, est séduisante. Dès le dépucelage de Dora, viol assez sordide, dans les toilettes publiques, où elle semble inconsciente et même insouciante, le film change de tonalité et se complait davantage dans le drame des adultes que dans son environnement vaporeux et singulier, presque pop.

Le scénario rajoute du pathos en surdose, souvent accompagné d’événements assez prévisibles. L’ensemble ne captive que par intermittence. Tout se mélange : le désir de bébé des parents, le refus de la sexualité de leur fille, la grossesse de Dora… La mère qui ne parvient plus à enfanter versus la fille qui tombe enceinte au moindre coup avec son voyou. C’est un peu gros pour nous emballer.

Il y a cependant des scènes passionnantes, profondément humaines, et assez perturbantes pour que ça vaille le détour. La confrontation à l’avortement, l’incapacité de Dora à être adulte, sa désinhibition, son rêve d’être comme les autres, les souffrances et les pensées coupables de ses parents.

Durant cette spirale destructrice, sans trop d’artifices, le trio très soudé va se séparer au fur et à mesure. Les rêves se brisent et l’intrigue se resserre, enfin, pour comprendre où cela va mener la fille et la mère. Les hommes deviennent accessoires.

Film sur la maternité et la responsabilité, Dora ou les névroses sexuelles de nos parents a des allures de téléfilm plein de bons sentiments, cherchant à poser le débat sur l’autonomie des handicapés. Il n’en est rien. C’est un film sec, dur, pas franchement sympathique, même s’il est réellement aimable grâce à son héroïne attachante et touchante.

Cette fin énigmatique où les hommes disparaissent et les femmes se retrouvent (à leur manière) révèle un certain conformisme dans l’appréhension du lien entre parents et enfants. Ce n’est pas la moindre ambiguïté d’une œuvre qui cherche quel ton prendre, quel regard porter et quel femme choisir pour s’affranchir des normes qui pèsent sur elle.
 
vincy

 
 
 
 

haut