Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les conquérantes (Die Göttliche Ordnung)


Suisse / 2017

01.11.2017
 



SUFFRAGETTES





«- J’ai un tigre entre les jambes. Et je n’ai jamais eu d’orgasme. »

Tandis que le monde vibre aux sons de Woodstock, s’enflamme d’une révolution sexuelle, entend les cris de la Black Power et des Hippies, se libère d’une société dominée par les hommes, la Suisse refuse toujours le droit de vote aux femmes, qui ne peuvent rien faire de leur vie sans l’accord formel de leur époux. La Suisse, pas l’Iran. Dans un village alpin, monde immuable à l’écart du reste de la planète, un référendum sur le droit de vote des femmes va chambouler tout ça. Comme une avalanche.

Les conquérantes se calque sur de nombreux films du genre, dont les meilleurs exemples sont souvent britanniques. Une « minorité » oppressée qui se rebelle contre l’ordre établi et une majorité forcément « conservatrice ». En suivant particulièrement le destin d’une femme, même si quelques autres s’agrègent autour d’elle, le scénario choisit une voix classique. Epouse modèle, femme à qui l’on peut s’identifier, elle devient l’égérie d’une cause juste, qui nous paraît presque désuète (alors que ça n’a pas 50 ans).

Etrangement, Les Conquérantes est avant tout une critique de la Suisse qui n’est pourtant qu’un arrière-plan du récit, un cadre a priori paisible. Mais le film s’avère féroce sur ce pays opulent et paisible. Les mentalités sont médiévales, dictées par une religion obscurantiste, rejetant toute forme de progrès sociétal au nom de conventions traditionnelles bien ancrées. Rarement nous avons vu une société aussi patriarcale et inégalitaire.

« L’égalité des sexes est contre-nature. »

Si le couple qui est au centre du récit apporte quelques nuances à cet affrontement entre anciens et modernes, entre machos et boniches, le reste est convenu, progressant au fil de petites décisions et de situations conflictuelles. Il n’y a guère de suspens sur l’issue de ce duel idéologique (même si, paradoxalement, c’est un match entre deux femmes : l’émancipée versus l’aigrie). Ce qui fait le charme du film est ailleurs : dans les personnages, attachants et humains, réalistes et sensibles. Surtout du côté des femmes. Car hormis le personnage masculin principal, les hommes sont un peu caricaturés (quoique). Même si derrière leur autorité (conditionnée par l’éducation et les Lois), la façade craquelle facilement sous le poids de leur vulnérabilité. La détresse des hommes est, cependant, à peine esquissée.

Comme son titre l’indique, le film s’intéresse d’abord à ces révoltées, qui auront quand même le droit à quelques scènes qui en disent long sur l’époque : l’aspect communautaire lors de leur grève et l’aspect sexuel avec l’atelier de découverte du vagin. Ce sont les séquences les plus singulières et finalement les plus frappantes. Peut-être parce qu’elles embrassent pleinement le mouvement féministe de l’époque dans ces deux séquences. A vouloir trop forcer sur le drame et le mélo, le film fait quelques raccourcis narratifs pour garder le rythme d’un enchaînement de scènes déjà vues.

Si la mise en scène n’a rien d’exceptionnel, les acteurs et l’histoire font le travail pour nous rappeler que l’égalité des sexes ne va pas de soi.
 
vincy

 
 
 
 

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