Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 43

 
Lawrence of Arabia (Laurence d'Arabie)


Royaume Uni / 1962


 



LA FLAMME





"- Major, je vais vous promouvoir Colonel!
- Je ne pense pas que ce soit une très bonne idée...
"

L'époque était aux grandes épopées individuelles, comme Le Guépard, par exemple. David Lean souhaitait transcender le destin d'un homme en le plongeant dans un conflit qui le dépasse nécessairement, au milieu d'un cadre qui résuit à l'Homme à peu de choses. Lawrence of Arabia est la quintessance du genre, atteignant une sorte de paroxysme avec ce duel entre un érudit anglais et le désert meurtrier, entre un humaniste et un opportuniste. Inutile de faire long sur ce film : c'est un chef d'oeuvre. Malgré son classicisme apparent, il est ponctué d'audaces. Sous cet aspect lisse et vernis, David Lean dépeint la folie, les tourments, l'admiration, la mégalomanie, al frustration d'un homme dépassée par ses actes, surestimé ou sous évalué par ses pairs, transformé en légende.
Pour seul exemple, la scène de torture où Lawrence se fait prendre par les Turcs. Tout y est : son amour pour le sado-masochisme, son orientation sexuelle, sa répulsion à l'égard de sa peau blanche et sa révélation qu'il ne pourra jamais être un arabe, son goût pour les décisions inconscientes et son obstination à dominer les autres...
Lawrence d'Arabie, outre son sujet extraordinaire, et ses acteurs parfaits dans leur rôles (avec deux découvertes du calibre de O'Toole et Sharif) est surtout un tryptique parfait : une grande histoire dans l'Histoire, une qualité artistique exceptionnelle et perfectionniste, un décor qui est un personnage en soi. La réalisation de David Lean est appliquée : le scénario est clair, il s'attarde sur la présentation des rôles, des enjeux. Il explique bien la vie d'un homme mythique d'ellipses en métaphores, tout en étant limpide sur la complexe diplomatie de l'époque, et les animosités de chacun.
A ce défi narratif, Lean y a répondu avec un montage ambitieux : 3 heures et quelques de film, de longs plans contemplatifs, des scènes d'action, et à chaque fois de l'espace pour les émotions. Il s'autorise surtout des scènes mémorables visuellement : la traversée du Sinaï, le champ de bataille après le massacre, ... Il joue les guides pour le spectateur, en oubliant la géographie, mais jamais la sensation laissée par l'environnement.
En cela, il est aidé par une direction artistique plus que parfaite. de la musique de Jarre au travail en amont de John Stoll, en passant par les images de Young, le film est techniquement irréprochable. On est transporté dan un autre univers, où la chaleur est visible et écrasante, où l'âme est l'égale de l'arme.
Evidemment, il a fallu filmer le désert, le sable, le soleil, les dunes rougeoyantes, les roches escarpées, l'absence d'eau et son désir. C'est un peu comme aller sur une autre planète... Les images s'imprègnent à jamais. Et, comme les bédouins, on se demande combien de tmeps on peut supporter cette sécheresse, on souhaiterait presque ne voir que de la verdure... Lean piège le spectateur : la verdure est oubliée depuis le prologue en Angleterre.
Les yeux bleus de Peter O'Toole percent l'écran. Et nous hypnotisent comme pour mieux nous séduire et nous laisser emporter par le mythe, plutôt que de s'attarder sur la controverse. Cela n'empêche pas les interrogations philosophiques, les visuels poétiques, les attaques sanglantes et les amitiés dénuées de racisme.
C'est un film paradoxalement physique (les paysages contraignants) et intellectuels (l'homme supérieur à la nature), humaniste (le dialogue entre les races, les religions, le respect des cultures et la décolonisation) et homicide (meurtres, tueries, charnier...). Il est à l'image de son personnage homonyme : contrasté et contradictoire.
David Lean a réussi une fresque philanthropique mais lucide. Avec un brin de cynisme sur la mentalité occidentale. Même si Lawrence se défendait d'être un héros, le septième art en a fait un immortel dont l'image flotte au dessus de vastes étendues de sables. Comme un mirage.
 
vincy

 
 
 
 

haut