Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 22

 


/ 1998


 



OUI NÔ





Robert Lepage nous livre un film mêlant ses passions (le théâtre, le cinéma) à sa culture. Oeuvre authentiquement québécoise, est aussi son film le plus accessible, le moins expérimental, et finalement le plus léger.
Sans renier son travail de recherche narrative, Lepage prend une histoire banale et la place dans un contexte schyzophrénique. Tout y est dédoublé: le pays (Québec, Japon), les regards, les arts (scène, télé), le théâtre lui-même (Nô, Feydeau).
Typiquement québécois et pas seulement à cause de ces grands fossés entre lesquels Lepage jette des ponts, précurseurs de la World/Pop culture. Il y pose aussi un un regard politique, une critique.
L'action se passe en 70 (année hérétique) entre un Québec révolté, sous le coup d'une loi martiale, et une expo universelle d'un Japon qui s'occidentalise. Le nombril et le monde.
Nous sommes aux sources des années 90 (Karaoké inclus). Un peuple tente sa révolution, un autre expose son évolution. Le Québec veut changer son histoire, alors que le Japon, atomisé par l'Histoire, essaie d'émerger économiquement. Les 2 pays, fortement nationalistes à tout point de vue, désirent une revanche sur leur passé.
C'est là que réside l'utopie du Québec, et son échec. Le Soleil Levant a pris des armes économiques tandis que le fleurdelysé croyait au poids des mots. L'un se battait pour le PNB, l'autre pour sa langue.
Lepage ne fait aucune concession au FLQ (Falardeau va encore râler...) et s'attaque - trop discrètement - au vrai problème: la transmission du savoir et une langue française baclée par ses défenseurs.
"Peuple colonisé culturellement", Lepage poursuit le raisonnement en présentant à l'expo 70 au nom du Canada, une pièce du français Feydeau (pas la meilleure), mise en scène par un français. Colonisé par ces "fascistes d'anglais", par l'Amérique ou encore ces snobs égocentriques de parisiens, le Québec essaie de croire qu'il a un destin.
Destin qui avorte: une fausse couche à l'instar de celle de l'héroïne, totalement déphasée du problème, et pourtant si impliquée.
Et si l'argument tombe juste, les moyens y sont parfois un peu lourds, et les personnages souvent grossièrement dessinés (à commencer par la caricature de la parisienne).
Lepage, à travers son personnage principal, aborde la culture québécoise dans son essence: franche, créatrice, féministe. Sans aller au delà.
Une fois de plus la Québécoise est émancipée, libertine, indépendante et égoïste. Elle n'écoute pas les autres et ne se soucie que d'elle (cf Marie Lise Pilote dans L'Homme idéal). Et les hommes sont plutôt faibles, as usual.
Bien sûr les temps ont changé (et la scène finale le montre bien). D'un idéal communautaire on est passé à un individualisme souverain, de l'utopie on passe au rêve brisé. Et le Japon comme le Québec n'ont pas réussi leurs miracles.
Mais c'est uen autre histoire, et pas celle de Lepage qui signe là un film intéressant. Mais pas forcément aussi puissant que son travail d'homme de théâtre.
 
vincy

 
 
 
 

haut