Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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J'me sens pas belle


France / 2004

04.07.04
 



UN GARS, UNE FILLE





" - J’ai plein de cellulite, du bide, un double menton, un gros pif, des petits yeux et pas de seins "

Jeune femme perdue voire désespérée, recherche mâle talentueux pour partie de jambes en l’air salutaire. Jeune homme fraîchement divorcé, propre et discipliné, cherche femme romantique et attentionnée pour cœur à prendre. Au premier abord, rien ne semble rapprocher les deux célibataires endurcis de J’me sens pas belle. Mais lorsque Fanny, trentenaire blasée et recordwomen du vide sexuel invite à dîner Paul, vieux garçon aussi gnangnan que son veston de grand-mère, le vaudeville n’est plus très loin. Vincent Delerm et son piano non plus. Ne cherchez pourtant pas dans ce rendez-vous galant, quelconque trace de romantisme. Plus préoccupée par sa libido que par la quête du mari idéal, la jolie Fanny s’apprête à ne faire qu’une bouchée de sa victime d’un soir. Tout cela aux prix d’une offensive féminine ingénieusement élaborée : dîner expéditif sans salade ni fromage, préservatif savamment déposé près des lieux du crime, sans oublier l’absence non improvisée de petite culotte. Marina Foïs installe son personnage dans un registre qu'on lui connaît bien. Aidé, par un comique de situation irrésistible, elle nous fait immédiatement craquer pour ses faiblesses, sa mauvaise foi, cette détresse de la "chatte" en manque. Pourtant malgré tous ses talents, rien n’y fait et la jeune proie reste sourde aux avances répétées de la prédatrice. Car Julien Boisselier, révélation de l'année, parvient à fair emieux avec moins. L'alchimie fonctionne (c'est suffisamment rare pour être souligné) aussi bien entre les deux comédiens qu'entre le spectateur et les personnages. Adepte des préliminaires, Boisselier ose tout : même un strip en slip ridicule ("C'est marrant je vous voyais plus en caleçon.") avec petit bidon pas très entretenu aux Club Med Gym. Car tel est pris qui croyait prendre et la féline affamée d’hier se transforme en souris malheureuse et traquée. Pour un résultat tout aussi lamentable et ridicule. Toutefois, l’amour sait se faire désirer.

De tous temps, scénaristes et cinéastes ont accouché d’histoires d’amour rocambolesques avec leur lot de couples improbables et coincés. A trente ans et des poussières et en parfait héritier – quoi qu’involontaire – des comédies hollywoodiennes des années folles, Hawks en tête, Bernard Jeanjean redonne au cinéma français une fraîcheur et une drôlerie contagieuse qu’on ne lui connaissait plus. Ca aurait pu être une pièce de théâtre, un livre ... C'est un film en huis-clos où l'extérieur finalement parasite beaucoup la cristallisation du désir. Un cinéma populaire plus proche et plus rationnel. A les voir se toiser puis se séduire aussi bêtement que les écoliers, Fanny et Paul ressemblent à la longue à tous les vrais amoureux : à la fois fragiles, grotesques et sublimes. Pour parfaire sa jolie leçon de talent et de réalisme, Jeanjean égratigne au passage quelques clichés liés à l’amour et à la sexualité. Fanny se perd à jouer les "hommes" pour échapper à sa solitude et enflammer les cœurs tandis que Paul rayonne dès lors qu’il assume physiquement sa féminité. Le film questionne ouvertement les jeux de rôles après 30 ans de féminisme et 10 ans de perte d'identité masculine. Reste au spectateur à rire de ces deux clowns qui lui ressemblent tant. Qu’importe alors que les hommes pleurent après l’orgasme et que les femmes leurs volent leurs méthodes dépassées. Le bonheur lui n’attend pas et le baiser final en forme de promesse des deux tourtereaux n’en n’est que plus touchant. Pour tout cela, un grand bravo.
 
jean-françois, et un peu vincy

 
 
 
 

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