Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mars  



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France / 2004

01.0904
 



AU MINIMUM





Passée l’épineuse opération mathématique que nous impose le titre, il faut bien avouer que le dernier film de François Ozon ne soulève pas exactement une foule de problématiques obsédantes. Question torture mentale, on a vu plus sévère. A première vue, du moins. La succession méthodique des cinq moment de la vie de ce couple est exposée avec la pondération et la placidité d’un présentoir à moquette.
Le film déroule cinq séquences de la vie d’un couple dans un ordre chronologiquement inversé. Une fois intégrée cette structure en marche arrière, tout suspens se dissipe, puisqu’il n’y a pas de futur. Cette construction a comme autre effet de réduire l’identification, le spectateur n’étant pas dans le même système temporel que les personnages. Le spectateur se retrouve donc affublé d’un objet filmique délié et assez peu dangereux. Une fois soulagé de ces affects classiques (suspens, identification) par ce simple artifice formel, le film persiste dans sa recherche de l’épure. La deuxième intention apparente du réalisateur est de se priver le plus possible de son propre style. Ozon vide aux maximum les séquences de ce qui pourrait ressembler à une esthétique personnelle. La première des cinq partie est une copie assez ironique d’une séquence de Scènes de la vie conjugale, de Bergman, dans laquelle le personnage de Liv Ulmann et son mari, sur le point de signer les papiers de leur divorce, se retrouvaient à faire l’amour, une dernière fois. Les deux parties suivantes reproduisent le style d’un cinéma français traditionnel : Jaoui-Bacri, par exemple, pour le dîner (partie 2) et le cinéma d’auteur auquel est habituée Valeria Bruni-Tedeschi, pour l’accouchement (partie 3). Pour les deux dernières parties, aux dires même de François Ozon, référence est faite au cinéma américain et à ses comédies romantiques (partie 4) et enfin aux films estivaux de Rohmer, entre autres (partie 5).
Au delà du maniérisme, cette démarche quasi parodique est destinée à débarrasser le film de tout jugement personnel du réalisateur (et du spectateur) sur ses personnage, pour aboutir au spectacle épuré d’un couple dans le temps. Cette approche désengagée n’empêche pas le sentimentalisme, qui, même ironique, reste présent presque tout au long du film. La vision ironisée des sentiments convoque, surtout en fin de film, l’aspect roman-photo, ou Hélène et les garçons que Serge Daney avait décelé chez Rohmer. Le dernier plan, filmé en contre-jour, propose la vision idyllique du couple naissant, s’éloignant en direction d’un couché de soleil orange. Simultanément à l’ironie qu’il inspire, ce plan prend une dimension toute particulière au regard de sa singulière nature chronologique. A la fois dernière vision du film et point de départ de l’histoire d’amour, il inspire une impression étonnante au spectateur. Loin d’ouvrir le film vers son futur, déjà-vu, il referme la fin de 5fois2 sur une sorte de présent perpétuel qui est plus proche de notre perception réelle du temps que de celle habituelle au cinéma. En effet, le cinéma est le spectacle d’un temps qui passe et non un présent (qui est un concept subjectif, jamais un spectacle). Passé et présent étant confondu dans une même abstraction, cette forme donne, au final, une curieuse impression de réel et d’actuel.
 
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