Fatma Hassouna est morte mercredi 16 avril à Gaza lors d’une frappe israélienne. Plusieurs membres de la famille de la jeune femme de 25 ans ont également succombé à l’attaque, touchant leur maison familiale, située dans le quartier d’Al-Touffah, dans le nord de Gaza.
La photo-reporter Fatma Hassouna est la protagoniste du film Put Your Soul on Your Hand and Walk de Sepideh Farsi, qui doit être projeté en mai à l’Acid, sélection parallèle du Festival de Cannes.
Dans un communiqué, l’Acid a réagit à ce tragique décès : « Nous, cinéastes et membres de l’équipe de l’ACID, avons rencontré Fatma Hassouna en découvrant le film de Sepideh Farsi Put your soul on your hand and walk, lors de la programmation cannoise. Son sourire était aussi magique que sa ténacité : témoigner, photographier Gaza, distribuer des vivres malgré les bombes, le deuil et la faim. Son récit nous est parvenu, nous nous sommes réjouis à chacune de ses apparitions de la savoir vivante, nous avons craint pour elle. Hier, nous avons appris avec effroi qu’un missile israélien a ciblé son immeuble, et a tué Fatem et les membres de sa famille.
Nous avions visionné et programmé un film où la force de vie de cette jeune femme tenait de l’ordre du miracle. Ce n’est plus le même film que nous allons porter, soutenir et présenter dans toutes les salles, en commençant par Cannes. Nous tous et toutes, cinéastes et spectateur·ices, devons être dignes de sa lumière.«

Le cinéaste Sepideh Farsi s’est exprimé dans Libération : « Elle venait juste d’avoir 25 ans. Je l’avais connue par le biais d’un ami palestinien, au Caire, alors que je cherchais désespérément le moyen de me rendre à Gaza, me heurtant à des routes bloquées, pour chercher réponse à une question à la fois simple et complexe. Comment survit-on à Gaza, sous siège depuis tant d’années ? Quel est le quotidien des palestiniens sous la guerre ? Que veut effacer Israel dans ces quelques kilomètres carrés, à coup de bombes et de mortiers ? (…) Alors, Fatem devint mes yeux à Gaza, et moi, une fenêtre ouverte sur le monde. J’ai filmé, saisissant les instants que nous offraient nos appels vidéos, ce que Fatem m’offrait, pleine de fougue, d’énergie. J’ai filmé ses rires et ses larmes, son espoir et sa dépression. J’ai suivi mon instinct. Sans savoir à l’avance où nous mèneraient ces images. (…) Hier, en apprenant la nouvelle, j’ai d’abord refusé d’y croire, pensant à une erreur, comme il y a quelques mois, lorsqu’une famille homonyme avait péri dans une attaque israélienne. Incrédule, je l’ai appelée, puis envoyé un message, un autre, et encore un autre. »
Depuis le 7 octobre 2023, Fatima Hassouna, photojournaliste palestinienne diplômée en multimédia à Gaza, documentait le quotidien des habitants de Gaza, interdite d’accès aux journalistes étrangers : évacuations forcées, destructions, mais aussi instants de vie au milieu du chaos. En plus de son travail journalistique, elle animait des ateliers d’écriture pour enfants déplacés. Elle avait récemment annoncé ses fiançailles. L’armée israélienne affirme avoir visé un membre du Hamas en prenant des précautions pour éviter des victimes civiles. Environ 200 journalistes ont été tués depuis le début de l’offensive.
Put Your Soul on Your Hand and Walk est « une fenêtre, ouverte par le miracle d’une rencontre avec Fatem, permettant de voir des fragments du massacre en cours des Palestiniens. Les bouts de pixels et de sons échangés entre la réalisatrice et la journaliste, sont devenus un film« .