
Dévoilé en première mondiale au Festival de Cannes, Amour Apocalypse d’Anne Emond n’a pas manqué de provoquer fous rires et prises de conscience à la Quinzaine des Cinéastes.
Propriétaire d’un chenil, Adam, 45 ans, est un homme profondément bon et généreux. Il est aussi éco-anxieux. Via la ligne de service après-vente de sa toute nouvelle lampe de luminothérapie, il fait la connaissance de Tina, une femme à la voix douce. Cette rencontre inattendue dérègle tout : la terre tremble, les cœurs explosent… c’est l’amour !
« Merci pour la belle journée de travail »
Grande faiseuse de films tragi-comiques (Nuit #1, Les Êtres chers, Nelly), Anne Edmond nous revient déjà, un an seulement Lucy Grizzli Sophie, délaissant le thriller psychologique pour la comédie romantique. Mais toujours en prenant soin de faire rire grâce à de l’absurde et du ridicule. Et son personnage principal, Adam, est un prétexte idéal à des scènes complètement loufoques.
En effet, ce quadragénaire déconnecté du reste du monde enchaîne les situations hasardeuses et désespérées. Cela va du moment où il appelle le SAV sans comprendre que l’aide apportée est une aide technique… à son arrestation dans le QG d’un dealer en passant par sa chute d’un pont, Anne Edmond exploite pleinement et assez brillamment le potentiel comique de ce type vraiment trop bon trop con.
Et ce notamment dans son rapport à ses proches : son employé Romy, son père Eugène ou son meilleur ami Frank sont autant de personnages comiques qui l’accompagnent dans ce qui s’avère être l’une des plus grandes aventures de sa vie, l’amour. Patrick Hivon se révèle être un excellent choix tant l’acteur vu dans La Femme de mon frère et Babysitter de Monia Chokri parvient à incarner tous les registres avec beaucoup de finesse, sans jamais tomber dans la caricature du quadra déconnecté de ses émotions.
« Quand on choisit un chemin, on ne voit pas les autres. »
Si Adam prend évidemment toute l’attention, il n’est pas le seul à nous faire hurler de rire puisque Tina (jouée par Piper Perabo, la star de Coyote Girls) est également immanquable. Ce personnage de femme, d’épouse et de mère qui semble sans cesse se demander ce que serait sa vie si elle n’avait pas fait tel ou tel choix est un régale pour le public. Ce dernier peut s’y identifier tout en appréciant la légèreté qu’elle met dans son quotidien dès lors qu’elle est contact avec Adam.
Et bien qu’Amour Apocalypse parle abondamment du désastre écologique auquel nous sommes aujourd’hui confrontés, le film ne s’enlise jamais dans un discours moralisateur. Au contraire, il fait rire en évoquant des sujets brûlants de notre époque (réchauffement, sur-productivité, conspirationnisme, dépression, harcèlement sexuel) avec une décomplexion qui frôle l’affront. Bref, tout ce qu’on aime !
Plus qu’un film romantique, Amour Apocalypse se paye le luxe d’une véritable embarquée à la recherche d’une connexion – la fameuse, celle que toutes les applis de rencontres vous promettent mais sans aucune garantie. Au fil des scènes, on comprend que c’est parce qu’Adam n’a jamais compris pourquoi sa mère l’a abandonné sans un note qu’il ne parvient pas à trouver sa place dans le monde et donc à créer du lien avec d’autres. Et ce lien, Adam et Tina l’ont et nous offrent dans l’une des scènes les plus sensuelles jamais vues à la Quinzaine. Et dans une ultime scène à la hauteur de l’humour propagé pendant 1h40 – mais on en dira pas plus !
Résolument solaire, Amour Apocalypse est un feel-good movie qui s’ignore (!), une comédie si bien écrite et si généreuse avec ses acteurs et son public qu’on vous la recommande chaudement.
Amour Apocalypse.
Cannes 2025. Quinzaine des Cinéastes.
Durée : 1h40
Réalisation : Anne Émond
Scénario : Anne Émond
Son : Stephen de Oliveira, Sylvain Brassard
Musique : Christophe Lamarche-Ledoux
Photographie : Olivier Gossot
Montage : Anita Roth
Décors : Sylvain Lemaître
Avec Patrick Hivon, Piper Perabo, Gilles Renaud, Elizabeth Mageren, Eric K. Boulianne, Connor Jessup, Gord Rand, Patrick Garrow