
Dans un camp de water-polo pour garçons, un adolescent de douze ans est marginalisé par ses camarades selon une tradition cruelle qui veut que l’un d’eux soit dit porteur d’une maladie qu’ils appellent « La Peste ». Alors que frontière entre le jeu et la réalité devient de plus en plus floue, il commence à craindre que la blague ne cache quelque chose de réel.
Quand on concentre des jeunes garçons en vase clos, il se produit évidemment un effet de camaraderie, mais aussi, souvent, la formation d’un petit clan prêt à en exclure d’autres.
The Plague se déroule quasiment tout du long à l’intérieur d’un complexe sportif, autour d’une immense piscine. Un groupe de jeunes adolescents est en stage de perfectionement au water-polo. Un groupe d’ados en pleine puberté, ça se raconte des blagues pour faire rire les copains, ça se raconte sur quel genre de fille on fantasme pour exciter les copains, et ça se moque des « faibles » pour renforcer un esprit dominateur entre copains…
Harcèlement
Celui qui est visé par ces moqueries à répétition s’appelle Eli (Kenny Rasmussen). Il est accusé d’avoir ‘la peste’, notamment par Jake (Kayo Martin), et un nouveau venu, Ben (Everett Blunck). Eli semble en effet un peu plus bizarre. La cible idéale pour être harcelé. À cause de quelques plaques rouges et boutons sur le corps, les autres l’évitente. Les jeux sont cruels et ce pauvre Eli est littéralement (mal)traité comme un pestiféré, comme s’il était contagieux. Le jeune Ben suit les dominants mais a conscience que ces humilations sont particulièrement injustes et odieuses. La spirale infernale est enclenchée.
The plague montre l’évolution de tout un mécanisme, qui va s’aggraver jusqu’à dégénérer.

Il s’agit du premier long-métrage de Charlie Polinger. Le scénario avait d’abord intéressé l’acteur Joel Edgerton, prêt à le réaliser lui-même. Après tout son Boy erased évoquait une thématique similaire autour de l’exclusion. Finalement, il endosse le rôle du coach adulte responsable de l’entrainement des ados dans cette piscine. Soit l’autorité d’un adulte qui se révèle assez impuissante dans les faits. Ainsi, quand il est témoin d’une humilation publique pour Eli, il se contentera d’un sermon moralisateur qui ne changera rien à l’attitude des responsables.
C’est bien l’effet de groupe qui est ici décrypté, avec tout ce qu’il a de toxique et de néfaste. La répéition et la progression des « brimades » permet à Charlie Polinger d’intégrer dans son film un possible élément de fantastique. Car de cette cruauté ambiante, naît des conséquences éprouvantes. Pas loin d’une forme d’épouvante psychologique.

The Plague
Cannes 2025. Un Certain Regard
Durée : 1h35
Réalisation : Charlie Polinger
Scénario : Charlie Polinger
Avec : Joel Edgerton, Everett Blunck, Kayo Martin, Kenny Rasmussen