La Vie de Château, Mon enfance à Versailles : passage réussi au grand écran

La Vie de Château, Mon enfance à Versailles : passage réussi au grand écran

Comment parler des drames aux enfants ? C’est la question à laquelle La Vie de Château, Mon enfance à Versailles de Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’Limi tente de répondre. On suit l’histoire de Violette, 8 ans, devenue récemment orpheline suite au décès de ses parents lors des attentats de novembre 2015. Elle doit à présent vivre chez son oncle Régis, agent d’entretien du château de Versailles, qu’elle connaît à peine en raison de disputes passées avec ses parents. Leur cohabitation forcée va permettre l’émergence d’un lien fort, aidant Violette à traverser son deuil ainsi que d’apaiser les anciennes tensions familiales entre son oncle et ses grands-parents.

De la série au film

La Vie de Château, mon enfance a Versailles est l’adaptation en format long métrage d’une série existante du même nom (récompensée à Annecy en 2024 avec le Prix du jury pour une série) qui elle même a fait suite à un court métrage de 29 minutes ayant remporté le prix spécial du jury pour un spécial TV à Annecy en 2019. L’univers de Violette et Régis s’accompagne également de romans jeunesse pour la collection Neuf de l’Ecole des Loisirs.

Qu’il s’agisse de remobiliser le public déjà conquis ou de créer une découverte auprès de nouveaux spectateurs, cette nouvelle version reste fidèle à la précédente (en conservant scénario et style graphique) et tient joliment ses promesses émotionnelles. Les thèmes abordés dans le court métrage, puis dans la série, comme l’abandon, le deuil et la résilience, servent toujours d’arc narratif, agrémentés de différentes sous-intrigues complémentaires. A l’exception de concessions sur certaines scènes, comme celle de l’inondation du château par exemple, ainsi qu’une altération de l’ordre chronologique des épisodes, plaçant le spectacle de Violette comme conclusion du film, les enjeux et péripéties restent ainsi similaires et on ne sent en rien une condensation enfermée par les compromis, montrant seulement l’essentiel narratif.

Les nombreuses aventures de Violette nous font découvrir son riche quotidien, permettant un aperçu de sa vie mouvementée, sans que ces péripéties ne paraissent excessives ou utilitaires. Au contraire, la dynamique particulière, essentielle au scénario, accordant de nombreux moments de respirations, en alternance avec des évènements plus énergiques, offre une lecture agréable de cette histoire douce-amère. Même si les influences du format feuilletonnant se font sentir à la fin du long métrage, lorsque différentes problématiques semblent tout à coup de succéder. On sent bien que les aventures de Violette et Régis n’en sont qu’à leurs débuts, et on a bien envie d’en découvrir davantage.

Le deuil d’une enfant

Malgré un décor royal, la vie de Violette n’a rien d’un conte de princesse. A huit ans seulement, elle doit faire face à la mort, au terrorisme et aux tensions familiales réveillées par le décès de ses parents. Sans fabulation ni idéalisation, la tristesse de la jeune protagoniste est écoutée et acceptée : on ne cherche pas à étouffer ses sentiments au profit d’un discours positif à l’extrême, tentant de résoudre trop vite les étapes complexes du deuil. Les drames des enfants sont traités à la même hauteur que ceux des adultes, légitimant leurs émotions, même négatives. Cependant, la vie de Violette n’est pas non plus uniquement tournée en drame et elle apprendra, grâce à son oncle et ses amis, à retrouver un quotidien joyeux. Ainsi, le film offre un bel équilibre émouvant, donnant espoir d’un avenir qui s’améliore et une jolie définition de la famille.

  » Les problèmes des adultes ça devient souvent le problème des enfants « 

Par ailleurs, si on ne peut que relever la délicatesse apportée aux dialogues, l’image graphique, est elle aussi, pensée en résonance du scénario : on aperçoit des changements dans les couleurs, les décors et personnages, qui évoluent conjointement avec les émotions de Violette. Un point de vue subjectif subtil, qui offre une compréhension plus profonde de la protagoniste, sans pour autant la rendre caricaturale. Cette cohésion, on l’a doit à l’association bénéfique de Clémence Madeleine-Perdrillat, scénariste, et Nathaniel H’Limi, auteur graphique : on ressent la grande communication entre eux, ainsi que les nombreux allers-retours entre écriture et image. Une équipe qui n’en est pas à son premier essai et qui semble avoir trouvé une méthode à succès au vu de la prospérité des aventures de Violette et Régis. En espérant que cette collaboration mène à de nouvelles idées et puisse inspirer d’autres duos similaires à se former.

Zoé Mottin

Fiche technique 
La Vie de Château, Mon enfance à Versailles
Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H'Limi
1h21
Sortie française : 15 octobre 2025
Distributeur : Jour2fête