Cannes 2025 | La Factory Ceará-Brasil de la Quinzaine des Cinéastes fait la part belle aux femmes

Cannes 2025 | La Factory Ceará-Brasil de la Quinzaine des Cinéastes fait la part belle aux femmes

Pour sa 10e édition, la Factory des Cinéastes célèbre la création collective made in Brésil grâce à 4 courts métrages coécrits et coréalisés par 4 duos de jeunes cinéastes venus du Brésil, de Cuba, du Portugal, d’Israël et de France.

Ponto Cego (Angle mort) de Luciana Vieira (Brésil) & Marcel Beltrán (Cuba)

Marta est ingénieure responsable des caméras de sécurité du port de Fortaleza, un environnement où les femmes réduites au silence travaillent dans l’anonymat et le mépris. Mais Marta est décidée à s’exprimer.

En plus de présenter le quotidien empli de sexisme des docks, Ponto Cego permet à ses deux réalisateurs de mettre en avant l’importance de l’entraide et des espaces d’écoute. Bruits constants, sentiment d’insécurité et mépris sont au cœur de ce court qui vient rappeler que les compétences de certaines sont toujours moquées dès lors qu’elles remettent en cause la place des hommes dans certaines industries. Un projet fort et nécessaire.

A Vaqueira, A Dançarina e o Porco (La Cowgirl, la Showgirl et le Porc) de Stella Carneiro (Brésil) & Ary Zara (Portugal)

Une cow-girl transgenre visite sa promise, une show-girl noire aux mains d’un porc sanguinaire amateur de truffes. Mais ce qui devait être une simple fugue amoureuse vire à la confrontation surréaliste baignée de sang, sororité et résilience.

C’est dans un bar aux airs de saloon que la majeure partie de l’action de court-métrage expérimental se déroule. Grâce à un découpage en séquences – qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Kill Bill -, le public s’attache à ces deux amantes qui tentent d’être réunies mais dont le parcours est semé d’embûches, dont la violence et l’orgueil des hommes. Pas seulement un récit de femmes blessées, c’est à une fable faite de revanches sur la vie que l’on assiste, convaincus que tout le monde mérite son happy end.

Como Ler o Vento de Bernardo Ale Abinader (Brésil) & Sharon Hakim (France)

Depuis plusieurs années, Cassia, guérisseuse traditionnelle, transmet patiemment ses secrets à Marjorie, sa jeune disciple. Aujourd’hui, le moment est venu de transmettre son héritage.

Dans ce troisième portrait de femmes fortes en forme de fable, le duo de cinéastes s’autorise un commentaire sur la pollution des eaux et des airs, à travers la sur-présence de plastique à l’intérieur même des patients que Cassia et Marjorie soignent. Une manière habile de parler des maux du mots, qu’ils soient propres à chacun ou synonymes de responsabilité collective. Les plans larges de paysages et la lumière utilisée dans le « cabinet » de Cassie sont d’une qualité suffisante être soulignée, tant ce projet ne manque pas d’intérêt. A l’instar du lien qui lie les deux personnages principaux et qui vient nous rappeler, tel un paradoxe, l’importance de l’éducation et de la transmission dans les sociétés occidentales.

A Fera do Mangue (La Bête de la Mangrove) de Wara (Brésil) & Sivan Noam Shimon (Israël)

Il fut un temps où un homme aux pouvoirs illimités avait soif de descendance. Lorsque l’une de ses victimes libéra la bête qui sommeillait en elle, une mythique force vengeresse s’élança sur les eaux de la mangrove…

Ce quatrième court métrage présenté dans le cadre de la Factory est une fable, de celles dont on fait rapidement le parallèle avec la réalité : la Bête est un violeur en série tandis que la bête qui sommeille est la colère des victimes. Doté de plans magnifiques de ce qui pourrait bin être l’Amazonie, voilà un film qui reste longtemps en mémoire tant les plans et les choix esthétiques sont radicaux. Commentaire à peine déguisé sur la réappropriation du corps des victimes ainsi que de leur vie, il ne laisse qu’une seule envie : voir ce que proposeront à l’avenir Wars et Sivan Noam Shimon !