
Une gigantesque fusillade dans Causeway Bay, un quartier du centre-ville de Hong Kong, des hommes armés tirent au hasard sur la foule des passants. Une diversion, prélude à une série d’actions planifiées par l’héritier d’un conglomérat pharmaceutique mondial qui aboutit à la mort de son propre père, aussi secrètement le parrain du trafic de drogue. C’est le chaos partout dans la ville, la police est paralysée et les affaires de la famille sont dans la tourmente. Le plus jeune fils, fermement résolu à rompre avec le passé peu honorable de sa famille, succédera naturellement à la tête du groupe à moins que son frère aîné en cavale ainsi que les partisans de son défunt père ne se mettent en travers de son chemin…
Juno Mak est un chanteur hongkongais populaire. Son premier film de réalisateur, Rigor Mortis (2013), était plutôt réussi. Sélectionné dans la case ‘séance de minuit’ à Cannes, cela laissait supposer que ce nouvel opus Sons of the Neon Night soit un film d’action exaltant.
La promesse était en quelque sorte sur l’affiche : il y a les noms de Tony Leung Ka-fai et de Louis Koo, aussi Takeshi Kaneshiro, absent des écrans depuis environ une dizaine d’années. À cela on ajoute un projet qui en lui-même est un film : Sons of the Neon Night a été tourné en 2017, mais il a connu un gros retard de post-production, avant de refaire surface cette année…

Les premières séquences répondent aux attentes de tous : deux hommes masqués initient une longue fusillade au croisement de plusieurs rues, des véhicules s’entrechoquent et explosent, des policiers ripostent et mitraillent. Les couleurs de l’image sont désaturées. Tout est une variation de gris, agrémenté du blanc de la neige qui tombe
Sons of the Neon Night est lancé sous les meilleurs hospices, mais l’enthousiasme va vite retomber. A travers la trame de deux frères rivaux ambitionnant de contrôler l’organisation mafieuse de leur père, l’histoire va se perdre dans des circonvolutions hasardeuses. Les personnages s’expriment presque tout le temps avec une voix off qui met à distance. Et la musique s’avère assez soporifique. L’atmosphère grisâtre (les décors, les vêtements, le rythme de la narration…) finit par lasser. D’autant que cette tonalité peu franche ne trouve aucune justification, contrairement au noir et blanc contrasté et très sombre d’un Limbo de Soi Cheang par exemple. Il y aura bien quelques autres courts moments où l’action et les bagarres pour justifier son genre, mais ça ne suffira jamais pour reveiller le film de l’ intérêt morne dans lequel il nous glisse.

Sons of the Neon Night
Cannes 2025. Hors-compétition - Séance de Minuit
Durée : 2h12
Réalisation : Juno Mak
Scénario : Juno Mak
Avec : Takeshi Kaneshiro, Lau Ching-wan, Tony Leung Ka-fai, Louis Koo, Gao Yuanyua