Moi qui t’aimais : Montand-Signoret, le crépuscule de stars

Moi qui t’aimais : Montand-Signoret, le crépuscule de stars

Diane Kurys ressuscite le temps d’un film deux grands acteurs français : Yves Montand et Simone Signoret. L’idée de les voir incarnés à l’écran par Roschdy Zem et Marina Foïs n’avait rien d’évident, la ressemblance étant loin d’être frappante. Pourtant, passées les premières images, l’incarnation que les deux acteurs proposent de leurs personnages est convaincante, et on prend beaucoup de plaisir à suivre des épisodes clés de leurs dernières années de vie commune.

Pendant 30 ans, Yves Montand et Simone Signoret ont vécu ensemble, mais ils ont traversé de nombreuses turbulences. Diane Kurys a choisi de raconter la fin de leur parcours. Entre eux, il y avait encore des moments de tendresse, mais aussi des disputes provoquées notamment par les infidélités et les mensonges d’Yves Montand. Le film évoque également l’engagement politique du couple, l’addiction à l’alcool de Simone Signoret et la difficulté de vieillir pour une actrice.

« J’ai toujours été fascinée par ce couple. C’était une femme libre, indépendante, et Montand était un chanteur merveilleux », a expliqué Diane Kurys lors d’une avant-première à La Rochelle. « J’ai lu, j’ai cherché, j’ai fini par écrire ce scénario. C’est un film d’amour, les dernières années sont les plus émouvantes. Il me semble que je n’ai pas trahi les personnages », note la cinéaste.

« C’est une proposition d’Yves Montand, une évocation« 

Diane Kurys a d’abord pensé à Marina Foïs pour incarner Simone Signoret. Puis c’est l’actrice qui lui a soufflé le nom de Roschdy Zem. « J’étais le premier surpris quand elle m’a sollicité », reconnaît Roschdy Zem, qui a finalement été convaincu par un argument : il est le fils d’immigrés marocains, comme Yves Montand était le fils d’immigrés italiens. « Il faut se lancer. C’est toujours assez audacieux. Il ne faut pas trop se poser des questions. C’est une proposition d’Yves Montand, une évocation. On trouve notre liberté à travers ça. La diction, c’est arrivé naturellement en l’écoutant. On agit comme une éponge. On essaie de trouver le ton juste et les bonnes intonations », poursuit l’acteur, en confiant avoir pris beaucoup de plaisir à jouer ce rôle.

On sent une réelle complicité entre les deux comédiens, qui se glissent visiblement avec beaucoup de délectation dans la peau de ces personnages. Roschdy Zem trouve des intonations qui rappellent Yves Montand, et les dialogues apportent au film une bonne dose d’humour, à travers sa mauvaise foi, mais aussi ses tirades truculentes. Quelques séquences sont particulièrement savoureuses, comme une séance de postsynchronisation de Vincent, François, Paul et les autres (1974) au cours de laquelle l’égocentrique Montand, qui incarne Vincent, suggère -très sérieusement- la suppression des deux autres prénoms dans le titre du film de Claude Sautet.

Les choses de la vie

Pour le reste de la distribution, Diane Kurys est également allée chercher des acteurs peu proches physiquement des personnages qu’ils incarnent, comme Thierry de Peretti pour interpréter Serge Reggiani, confident de Simone qui souffre de rester dans l’ombre du séduisant Montand. Vincent Colombe, Raphaëlle Rousseau, Leonor Oberson et Timothée de Fombelle incarnent respectivement François Perrier, Catherine Allégret -la fille de Simone Signoret-, Nadine Trintignant et Jean-Louis Trintignant. Comme pour Marina Foïs et Roschdy Zem, on fait abstraction de ce manque de ressemblance pour se concentrer sur les relations d’amitié qui lient tous ces personnages, notamment lors de déjeuners animés dans la maison de campagne du couple.

Philippe Sarde, qui a signé la musique de nombreux films évoqués dans Moi qui t’aimais, a accepté la proposition de Diane Kurys d’apporter une nouvelle fois sa contribution dans ce long-métrage. C’est d’ailleurs le thème de la chanson d’Hélène, dans Les choses de la vie qui est repris à la fin du film, dans une scène particulièrement touchante.

De Diabolo Menthe, prix Louis Delluc en 1977, à Moi qui t’aimais, Diane Kurys a réalisé 15 longs-métrages en près de 50 ans, dans lesquels le thème de l’amour tient une place de choix, comme dans Coup de foudre (1983), Un homme amoureux (1987) ou Les enfants du siècle (1999).

En s’appuyant sur des dialogues ciselés, Moi qui t’aimais, qui sort en salles 40 ans après le décès de Simone Signoret, réussit à nous captiver par cette histoire romanesque, parfois émouvante, parfois drôle, qui ramène pendant deux heures ce couple mythique de cinéma sous le feu des projecteurs.

Pierre-Yves Roger 

Fiche technique
Moi qui t’aimais de Diane Kurys (2025)
Avec Marina Foïs, Roschdy Zem, Thierry De Peretti, Vincent Colombe, Raphaëlle Rousseau, Leonor Oberson, Timothée de Fombelle...
Sortie française : 1er octobre 2025
Durée : 1h59
Distribution : Pan distribution