Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



A deux pas de l'Opéra, à Paris, Catherine Breillat nous reçoit chez elle pour nous faire partager son point de vue sur les mystères de l'orgasme et de la sexualité en général, sujet principal de son cinéma, et de Romance, sa dernière réalisation.


Ecran Noir : Oui, c’était pas évident de faire se choix, pour terminer, je sais pas si on peux parler de la fin du film, il y a une chose où là j’ai eu véritablement à saisir le sens de ça, c’est quand le personnage de Marie, par de chez elle au moment où elle va accouchée en mettant le gaz ouvert...

Catherine Breillat : Parce que nulle n’est parfait, elle n’est pas parfaite, les femmes peuvent avoir un peu de mesquineries!

EN : Elle se retrouve avec le bébé dans les bras à aller à l’enterrement de Paul?

C.B : Oui, mais enfin disons que c’est symbolique, c’est plutôt la mort de Paul en ce sens qu’elle n’aura plus besoin de lui accéssoirement, mais de cette relation là vis-à-vis d’un homme, de demander à un homme de l’accomplir alors que lui même n’est même pas accomplit, et qu’elle lui demande son accomplissement à elle, et de donner le sens à sa vie et que ça elle en a plus besoin parce que le sens de sa vie, elle a trouvé, et que si elle rencontre qu’elle qu’un, elle sera une personne entière, moi je pense que la naissance de l’enfant, c’est en même temps la naissance de Marie, sa naissance à elle.

D’ailleurs le personnage de François Berléant, lui lit un livre ou il dit : “La mère engendre le fils, et le fils engendre la mère” , et que cet engendrement c’est sa purification, mais c’est aussi symboliquement, qu’elle devient un être entier, la purification c’est aussi, le fait qu’au lieu d’être en plein de morceaux et parts, en tout cas deux, comme sont les femmes qui sont coupées en deux, comme dans le fantasme et que la maman et la putain éternellement, elle est la maman/putain éternelle et la vierge éternelle, en fait. La virginité c’est symbolique c’est pas une membrane, je pense qu’une femme peut faire tout ce qu’elle veut où le jour, elle a besoin de constituer un sentiment un peu grand, évidement que tout le monde retrouve une virginité.

EN : C’est comme l’histoire de la Marie dans la bible, la prostitué...

C.B : Oui, bien sur, là il lui parle de la prostitué de Babylone qui redevevient la vierge. Et donc c’est de l’inceste philosophale, c’est-à-dire, que de toute façons les religions reprennent les grands thèmes alchimiques pour dire qu’ils sont a eux. Mais de toute façon les vierges mettent toujours au monde des fils, dans toutes les traditions c’est comme ça, il y a toujours une vierge qui mette au monde un fils.et je me dit, que symboliquement, ca veut dire ce qui préside à la naissance du monde c’est pas un dieu masculin, c’est un principe féminin qui engendre le principe masculin, et qu’ensuite le mariage des deux : l’inceste philosophale, ça créer le monde qui est masculin et féminin et qui est le monde c’est dieu. C’est ça la naissance du monde et je trouve que la naissance du bébé, ça a l’aire de la naissance du monde, d’ ailleur ça ressemble au tableau de Courbet avec la tête du bébé en plus, et que cette tête à l’air d’une réduction du globe terrestre, vous ne trouvez pas que ca naît comme un globe terrestre? on a l’impression que c’est le monde qui naît, le corps est un accessoire, mais sur le moment...

EN : Oui, par rapport à la naissance de cet enfant, je sais que ça a choqué entre guillemets...

C.B : Oui, vous savez pourquoi ça choque? Parce qu’il y a du gluant dans la naissance des enfants. Et que les gens réfutent, il y a une sorte d’horreur absolue de ce qui est nous, qui est quand même quelque chose qui est plutôt mystérieux et plutôt beau, mais qui passe tout ce qui est beau, tout ce qui est absolument mystérieux et qui vous amène à un certain mysticisme, un certain sentiment d’éternité commence quand même les mains dans la boue quoi, il y a toujours comme ça.

Mais, si on le voit on peux penser quand on aperçoit même la boue, c’est à dire, quand on aperçoit le gluant, l’obscène tout ce qu’on veut pas voir, que ça vous amène au transcendant, que c’est le chemin nécessaire, donc on devrait s’y précipité. Moi, je pense que le sexe est une manière d’embellir les femmes non seulement physiquement on le sait bien, qu’une femme qui est amoureuse a qui un homme fait l’amour bien, est toujours resplendissantes, mais de vous embellir encore autrement que cette beauté physique, cette beauté physique c’est comme l’or des alchimistes, ce n’est qu’un détail, il y a une beauté mentale, parce que je pense que la jouissance n’est qu’une petite mort pour l’homme et quelque chose d’extrêmement transcendant pour la femme.

Et que c’est bien pour ça qu’on veut privé les femmes de leur jouissance, parce qu’elle est très transcendentale et que donc, si les religions veulent avoir le privilège du sacré, faut bien qu’elles privent les femmes de jouissance, c’est claire.

EN- Merci beaucoup Catherine.

Christophe Train / Bertrand Amice / Ecran Noir / 16 Mars 1999


   christopher & bertrand

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