Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Edmonde Charles-Roux est écrivain. Présidente du jury Goncourt, elle est aussi la veuve de Gaston Deferre, l'ancien maire de Marseille et Ministre de Mitterrand. Elle fut adaptée par Francesco Rosi (Oubliez Palerme) en 1990. 22 ans après L'irrégulière (Grasset), c'est Anne Fontaine qui s'en inspire pour Coco avant Chanel.
Avec elle, dans son salon d'un appartement qui collectionne les époques, sous les toits d'un hôtel particulier de la Rive Gauche, nous explorons l'univers et les vérités de Coco Chanel.


EN : Qu’a-t-elle apporté d’autres ?
ECR : Les bijoux fantaisie. Grâce à Fulco di Verdura, elle les a inventés, toujours dans cet esprit de libérer la femme de ses contraintes. On ne porte pas de vraies pierres sur soi dans la vie quotidienne.

EN : Le film la montre avant tout comme une femme amoureuse… La femme avant le patron, si je peux me permettre ce jeu de mot.
ECR : C’est très bien. Il ne faut pas la limiter à son métier. Elle a été aussi mécène de Stravinsky en finançant Le Scare, du poète Pierre Reverdy… Ce serait une énorme erreur de limiter Chanel à ce qui a été son triomphe. Alors, oui le film est une toute petite fenêtre sur sa vie…

EN : Ce n’est pas frustrant ?
ECR : J’ai une attitude vis-à-vis du cinéma : ce n’est plus à moi. On peut prendre six pages ou la moitié comme Francesco rosi avec Oubliez Palerme, ça m’est égal. Quand on est écrivain, et si on a la chance et le bonheur d’être accueillie dans l’entourage de Chanel, c’est déjà un privilège de raconter cela. La femme était de toute façon plus importante que la styliste. Ce que montre le film, son chagrin, sa douleur profonde, est vraie. C’est ce qui a marqué sa vie. Le film est finalement replié sur lui-même, il se ferme sur cette douleur. Elle a tout perdu en perdant « Boy ». Il ne lui restera que la couture.

EN : Vous avez sur elle un regard attendri, vous ne semblez jamais la juger…
ECR : Je ne la juge pas car ce n’est pas mon travail. Elle a eu clairement cette honte de son enfance, imprimée en elle. Elle a toujours menti depuis. Mais elle a aussi collaboré durant la seconde guerre mondiale et pourtant personne n’en parle. Elle avait un tel égo qu’elle voulait aller voir Hitler. Vous imaginez, alors qu’aujourd’hui Chanel est une propriété d’une famille juive reconnue ? Elle a ce côté intouchable, mais quand même, les journalistes auraient pu s’intéresser à cette période floue de sa vie. Maintenant qu’on s’intéresse de nouveau à elle, la télévision publique italienne m’invite pour la première fois en vingt ans à parler de cette partie de sa vie. Avant ça n’était jamais sorti. On a préféré juger des femmes comme Arletty.


   vincy

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