Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24



Rencontre avec celui qui a su inscrire son nom dans le Luxe, de Gucci à Yves saint-Laurent, et maintenant dans des accessoires haut de gamme. Une griffe Tom Ford. Mais pour promouvoir son film, un homme doux, avenant, bavard. Elégant et sexy, avec un anglais racé, il est loin de l'agitation autour des stars de son film, dans sa propre suite d'un palace parisien, au chaud, par temps de pluie hivernale.
Au centre d’un conflit intérieur permanent entre son monde matériel, en tant que « fashion designer » dans l’industrie du Luxe et son enfance dans les grands espaces du Nouveau Mexique, au milieu de la nature. Il accepte la matière, l’existence physique, la mort au bout, mais il revendique la richesse des relations avec les autres, de l’amour.
Perfectionniste – il aime tout maîtriser, il semble sûr de lui même, n’exprime aucun regret pour sa vie passée, gâté par les chances et les hasards de la vie. Il nous raconte le parcours de son film, derrière lequel on devine le parcours accompli du créateur, pragmatique et zen.
EN : Et toutes ces tentations que vous distillez au fil de l'histoire?
TF : Il n'en succombe à aucune...

EN : La dernière, il n'est pas loin... Il pourrait choisir une autre voie finalement avec tous ces beaux jeunes hommes qui le courtisent...
TF : Oui mais il ne cherche pas le sexe. Il voit le garçon à l'épicerie comme une superbe fleur, il est émerveillé. Mais ce n'est pas son histoire. Mais à la fin de la journée, il voit qu'on lui propose un choix. Kenny l'embarque dans un instant d'insouciance, il va nager nu dans l'Océan, il danse avec son amie aussi. Il a cessé de penser. Il est dans le présent et fait les choses comme il le sent. Il profite. Cela le ramène à la vie d'ailleurs...

EN : L'homosexualité est dépeinte de façon très moderne dans ce roman des années 60...
TF : Tout à fait. Mais ce n'est pas un film gay. Moi-même je ne me décrit pas comme quelqu'un d'homosexuel. Ce n'est pas mon identité. J'ai mis beaucoup de ma vie personnelle dans la relation avec son compagnon dans les flash-backs. Mais ils vivent comme un couple hétéro. Comme moi d'ailleurs. Même si j'ai dédié mon film mon ami Richard.

EN : Une lettre d'amour?
TF : Bien sûr.

EN : Pour quelqu’un qui fut une star de la mode et qui fait ses premiers pas dans le 7e art, c’est difficile de faire le lien ?
TF : Non, pour moi ça a été naturel. Très naturel, confortable même, pas difficile du tout.

EN : Et pour trouver les financements, la marque Tom Ford a suffit ?
TF : Non. Ce fut compliqué. Ca a prit un an pour boucler le budget. J’ai passé mon temps en rendez-vous, à expliquer le projet. Finalemen j’ai trouvé deux partenaires financiers. Tout est réglé et nous allions commencer à rentrer en production quand Lehman boorthers a fait faillite en septembre 2008. Les bourses se sont effondrées et mes partenaires n’ont plus voulu prendre de risque. Ils se sont retirés du film. Mais j’avais Colin, j’avais Julianne, toute l’équipe était prête à travailler. Tout semblait si parfait. Si nous reportions le projet, j’allais perdre mes stars et personne ne savait quand on pourrait reprendre ce film. J’ai donc tout financé moi-même. Je devais le faire.

EN : Combien cela a coûté ?
TF : 5,3 millions d’euros. Mais du coup j’ai eu le contrôle total, j’ai passé des mois en salle de montage en toute liberté.

EN : Vous aimez tout maîtriser ?
TF : Oui, hélas nous ne sommes pas maîtres de tout. Par exemple la sortie du film est une épreuve dans certains pays. Je n’ai eu aucune prise sur le marketing, les bandes annonces, l’affiche. C’est le contraire dans la mode. On possède l’ensemble de la chaîne, des croquis aux boutiques.

EN : Le film est très esthétique, soigné, on sent que vous avez tout diriger même les détails.
TF : Il faut assumer ce que l'on est. le film me ressemble. Après tout les films d'Hitchcock aussi étaient très artificiels. Chacun a son style. Il faut juste être honnête avec ce que nous sommes. Cette beauté qu'on me reproche parfois c'est ma façon de voir le film.

EN : Cinéaste c'est désormais votre nouveau job?
TF : Oui. J'ai un deuxième film en tête. J'espère qu'on va me prendre plus au sérieux maintenant.


   vincy

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