Sara Forestier
Sara Forestier. Elle trouve que son nom est passe-partout, alors elle emprunte celui de Bahia BenMahmoud pour Le nom des gens. Rencontre avec une actrice nature et généreuse.



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Gilles Marchand connaît la consécration avec le scénario d'Harry un ami qui vous veut du bien, écrit pour son ami Dominik Moll et présenté à Cannes en 2000. Suivent Bon voyage, pour Jean-Paul Rappenau, et Qui a tué Bambi, qu'il réalise lui-même. Continuant d'écrire pour les autres (Lemming, L'avion...), il réalise son deuxième long métrage en 2008, L'autre monde.

C'est donc fort logiquement qu'on le retrouve président du Grand Jury lors de la 14e édition du Festival international des Scénaristes de Bourges. Assez décontracté mais conscient des responsabilités qu'implique le poste, il parle du métier de scénariste et de l'importance de lui consacrer un festival.

EN : Effectivement, les scénaristes ressentent souvent l’appel de la réalisation. Pour vous, de quelle manière s’est manifesté cet appel ?

GM : La question ne s’est pas posée comme ça pour moi. J’ai toujours rêvé de faire du cinéma, de quelque manière que ce soit. J’ai fait une école de cinéma qui était l’ancêtre de la FEMIS qui s’appelait l’IDHEC, et j’ai fait cette école pour apprendre à faire du cinéma dans tous les domaines. Et dans le cadre cette école j’ai rencontré ceux qui sont devenus à la fois mes amis et mes partenaires à savoir Laurent Cantet, Dominik Moll, Vincent Dietschy et Thomas Bardinet. Avec eux on a pris l’habitude de travailler autour de courts métrages. On travaillait les uns sur les films des autres, j’ai écrit pour les uns, eux ont écrit pour moi. Comme j’ai peut-être été plus lent que les autres et qu’eux ont eu une reconnaissance, comme la même année il y a eu Ressources Humaines de Laurent Cantet et Harry , un ami qui vous veut du bien pour Dominik Moll, je me suis donc retrouvé identifié comme scénariste. Ce qui fait que d’autres cinéastes m’ont appelé pour travailler avec eux. Je savais que je voulais aussi réaliser, mais rien de très exclusif et contradictoire. Mais j’avoue que ça prend du temps aussi. Ça veut dire que je suis conscient que je veux faire moins de films comme réalisateurs parce que je passe du temps aussi à écrire pour les autres. C’est un choix que je fais volontiers, en ayant plaisir à ça. Mais en même temps je ne pourrai pas me passer complétement de la réalisation, chose qui me passionne aussi. Il y a beaucoup de gens qui utilisent cette double casquette. Moi j’aime l’idée que le scénario est le premier geste dans la mise en scène, lorsque les choses commencent à émerger. Je n’aime pas beaucoup l’idée de l’autonomie d’un scénario.

EN : Justement, de ces deux casquettes, il n’y a en a pas une que vous préférez le plus ?

GM : (Il hésite longuement) J’ai eu la chance comme scénariste, avec mes amis, de ne pas être seulement ça mais aussi d’être conseiller à la réalisation, de participer à la préparation, aux essais, au tournage comme partenaire privilégié du réalisateur. C’est donc quelque chose qui arrive rarement à un scénariste. Si le travail du scénariste, et c’est souvent le cas, c’est uniquement d’écrire et d’être interdit de plateau, dans ce cas-là le tournage me manquerait trop. Mais quand je réalise, il me manque quelque chose, car quand on fait ses films, on a visité que son propre imaginaire, et aucun autre. C’est comme pour un comédien : rentrer dans l’univers de quelqu’un d’autre. Cet aspect-là me plait beaucoup.

EN : Qu’est ce qui fait selon vous un bon scénario ?

GM : Le fait qu’il fait émerger quelque chose du film que ça va devenir. Un bon scénario pour un réalisateur n’est pas forcément un si bon scénario que ça. Il y a des critères qui peuvent être objectifs. Mais je reste assez convaincu que le geste d’écrire permet de faire avant tout, sortir des choses de sa tête, qui vont prendre corps. En ça, je ne suis pas scénariste à l’anglo-saxonne ; c’est-à-dire quelqu’un qui est capable d’écrire des histoires imparables qu’un réalisateur technicien va tourner. Moi j’aime l’idée de l’intimité de la forme avec l’imaginaire du réalisateur.

EN :Lorsque vous êtres passé derrière la caméra, avez-vous alors changé votre façon d’écrire ?

GM : J’avais déjà tourné des courts métrages avant de passer à l’écriture de longs. Mais chaque projet fait qu’on travaille un peu différemment. Il y en a où l’on doit beaucoup se documenter, d’’autres on l’on reste dans l’inspiration, certains écrits très vite, d’autres plus matures. C’est une difficulté et un plaisir dans ce métier : le film est un prototype. Au fond, je ne crois pas beaucoup à la « boîte à outils », je pense que l’on doit chaque fois se renouveler car c’est une des choses qui fait qu’on ne s’ennuie jamais.
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