Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


(c) CIC  

Production : Dean Film
Réalisation : Dino Risi
Scénario : Dino Risi - Ruggero Mascari d'après
Montage : Alberto Galliti
Photo : Claudio Cirillo
Format : 1.75
Décors : Lorenzo Baraldi
Son : Vittorio Massi
Musique : Armando Trovaioli
Costumes : Benito Persico
Durée : 103 mn
 

Vittorio Gassman : Fausto
Allessandro Momo : Ciccio
Agostina Belli : Sarah
 

 
 
Parfum de femme


Italie / 1974

DVD 08.09.05
 

Dino Risi est le dernier représentant de ce que l’on appelle « la comédie italienne », genre qui a eu son âge d’or dans les années 50-70, période faste du cinéma transalpin. Elle est un mélange de bouffonnerie, de satire et de fine observation des mœurs. Faiseur de cinéma populaire, Risi n’en est pas moins un véritable auteur. Né à Milan en décembre 1916, il a d’abord commencé des études de psychiatrie tout en écrivant critiques de cinéma, scénarios et des nouvelles. Puis c’est en Suisse où il fait son internat qu’il suit les cours de Jacques Feyder. Il réalise son premier long métrage en 1953 : Le veilleur de nuit avec Sophia Loren. Risi a coutume de dire : « que la médecine psychiatrique n’était finalement pas pour lui ; qu’il a quitté l’asile de fous pour un autre, plus amusant : le cinéma ». C’est Alberto Lattuada qui lui met le pied à l’étrier en 1941. Celui-ci était assistant sur un film de Mario Soldati : il a proposé à Dino de devenir son propre assistant. Quelques années plus tard, le mythique producteur italien Carlo Ponti achètera son premier court métrage pour 2 millions de lires de l’époque, puis lui commandera un scénario pour Anna Magnani qui y joue une infirmière. Ponti déclare : « il a fait des études de médecine, il doit savoir faire ça… » Tous les films de Dino Risi racontent l’Italie et son évolution, des années de guerre au boom économique. Il vit actuellement dans une suite d’hôtel près de la Villa Borghese, à Rome.




Fils d’un père autrichien et d’une mère de la région de Florence, Vittorio Gassman a vu le jour à Gênes en septembre 1922 pour nous quitter, à la suite d’une crise cardiaque, en 2000. Il débute au théâtre, un amour qui ne démentira jamais puisqu’il donnera des cours jusqu’à la fin de sa vie. Débuts cinématographiques à 24 ans dans un film de Mario Soldati Daniele Cortis. Déçu par certains des rôles qu’on lui fait jouer, il repart au théâtre et monte sa propre troupe. Puis il va tenter l’aventure à Hollywood, signant un contrat avec la MGM qui lui permettra de tourner avec King Vidor ou Richard Fleischer ; mariage avec l’actrice Shelley Winters…..mais rien ne dure ; il décide de reprendre le chemin de l’Italie en même temps que celui des planches. En 1960, Monicelli lui fait tourner Le pigeon, ce sera aussi le point de départ de sa brillante collaboration avec Dino Risi, comme par exemple pour Le fanfaron en 63. Il tournera même un…western de Sergio Corbucci en 72 Mais qu’est ce que je viens foutre au milieu de cette révolution ?, on serait tenté d’ajouter « et au milieu de ce film… » L’œuvre est atypique, il joue le rôle étrange d’un directeur d’une troupe de théâtre prise dans la révolution mexicaine. C’est avec Parfum de femme qu’il obtient en 74 la reconnaissance mondiale avec le grand prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes.
La « comédie italienne » est un genre bien particulier et daté dans l’histoire du cinéma. Elle prend sa source dans la commedia dell’arte et dans les intermèdes musicaux que l’on pouvait voir au music hall. Plus lointainement, on peut aussi évoquer les comédies bourgeoises de la période mussolinienne qui ironisaient, mais fort discrètement, sur certains travers sociaux. C’est à la fin des années 40 que les convergences sociales, politiques et culturelles vont imposer le genre entre les films dits « sérieux » et les sous produits comiques de l’époque. Reprenant les grands thèmes du cinéma néoréaliste italien qui dressait un bilan assez désabusé de la situation (dénonciation du fascisme dans Rome ville ouverte de Rossellini ; le chômage dans les villes avec Le voleur de bicyclettes de De Sica et bien d’autres) la comédie italienne va y ajouter une bonne dose d’ironie, une apparente légèreté et fabriquer des fins un peu plus heureuses. A tel point qu’on la nomme parfois « néoréalisme rose ». Elle reste néanmoins un témoin attentif, privilégie et exigeant de l’évolution de la société transalpine. Mais toute médaille a son revers, et en utilisant des personnages trompés par l’Histoire en laquelle ils croyaient ajouté à l’inanité des solutions individuelles, ce cinéma va se laisser développer la colère, l’inquiétude et l’amertume.
Victime de son succès, le genre est convoité par la grande industrie cinématographique qui en prend les ingrédients, les réduits à des formules stéréotypées, les employant dans des séries au conservatisme politique flagrant. Le plus bel exemple est fourni par les chroniques d’un petit village de la plaine du Pô : les aventures du maire communiste Peppone et du curé Don Camillo. «Une expression rassurante d’une Italie où les oppositions politiques se diluent dans le consensus maternel d’une église accueillante » dira Jean Gili, spécialiste du cinéma de la péninsule. Les plus grands viendront nourrir le genre : Luigi Comencini avec Pain, amour et fantaisie où l’on retrouve Gina Lollobridgida , encore une série puisque Dino Risi lui-même fera une suite avec Sophia Loren.
C’est en 1960 avec Le pigeon de Monicelli que s’annonce l’ère d’une plus grande codification de la comédie italienne avec un mélange encore plus prononcé de la drôlerie la plus exacerbée et du désespoir le plus noir. Dans ce film on voit des laissés pour compte de la société, ratés sympathiques projetant un hold up au dessus de leurs moyens. Avec ce long métrage le genre prend une part active au renouveau du cinéma italien, la comédie de mœurs prenant alors définitivement une dimension politique en intégrant avec force les composantes historiques du pays. Tous les grands auteurs en viennent à l’analyse contemporaine, celui du miracle économique des années 60. Le fanfaron de Risi donne un regard très amer du boom italien, tandis que Les monstres du même réalisateur est un film à sketches dressant un tableau très inquiétant de la société. N’oublions pas Pietro Germi qui met en scène de façon crue et puissante les habitudes sexuelles d’une Italie toujours influencée par la morale religieuse ; comme par exemple Divorce à l’italienne avec Monica Vitti.
Après 1968, la critique sociale est élargie, aiguisée. L’humour se fait plus cynique, les scénarios insistent sur le fait de s’en sortir face à des obstacles écrasants. Comencini, Risi et bien entendu l’inévitable Ettore Scola sont toujours les maîtres du genre. On trouve dans cette période des films emblématiques comme Le grand embouteillage ou Mon Dieu, comment suis-je tombé si bas ? de Comencini (1974 et 1979) ; Risi réalise entre autres Parfum de femme mais aussi La carrière d’une femme de chambre (1975). Tous les sujets sont traités : le célibat des prêtres, la justice, la condition féminine, la vieillesse et le suicide, l’incompréhension entre les générations…C’est justement avec Scola que va se terminer la comédie à l’italienne, avec la crise du cinéma des années 80. Le réalisateur nous donnera le génial et caustique Affreux, sales et méchants en 76, le non moins immense Nous nous sommes tant aimés. Il réalisera encore quelques films à partir de 1980 dont on ne retiendra que La terrasse tant les autres sont un bric à brac d’une époque finissante, presque décadents au vu de la valeur de son auteur.
Dans ces années là, une relève bien peu nombreuse semble émerger : on ne peut guère citer que Nanni Moretti, qui entretient avec la comédie un rapport très différent. Il s’attache plus aux évènements microscopiques, une représentation presque exacerbée de problèmes personnels. Moretti dresse plutôt un tableau de ses angoisses existentielles face à l’Italie contemporaine.
A propos de Parfum de femme Gassman explique qu’un élément pathologique (ici être aveugle, ndlr) est plus une aide qu’un handicap pour un acteur. Le principal problème qui se posait étaient les mains : il fallait apprendre à voir avec, à les poser sur les objets d’une certaine façon. Dino Risi insiste, lui, sur le fait que ce n’est pas tellement l’histoire d’un aveugle mais plutôt celle d’un homme qui se croit fort mais qui en fait est fragile, terriblement seul, le film n’est jamais tout à fait noir ou blanc A noter qu’un remake a été tourné en 92 avec Al Pacino sous la direction de Martin Brest : Le temps d’un week end Le film a reçu également le César du meilleur film étranger en 1976.
 
Olivier
 
 
 
 

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