Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  

Production : Katharina / Renn Productions, TF1 Films, KC Medien
Réalisation : Costa Gavras
Scénario : Costa Gavras, Jean-Claude Grumberg, d'après la pièce "Le Vicaire" de Rolf Hochhuth
Montage : Yannick Kergoat
Photo : Patrick Blossier
Musique : Armand Amar
Durée : 130 mn
 

Ulrich Tukur : Kurt Gerstein
Mathieu Kassovitz : Riccardo Fontana
Ulrich Mühe : le docteur
Michel Duchaussoy : le cardinal
 

le vatican, lucide et timoré
le pape PIE XII
la repentance contestée du vatican
 
 
Amen. (Le Vicaire)


France / 2002

27.02.02
 

Le Vicaire, premiers remous




Amen. devait s'appeler il y a encore peu Le Vicaire. Du même nom que la pièce de théâtre dont le nouveau Costa Gavras est issu. La pièce de Rolf Hochhuth avait provoqué quelques remous à Paris en 63 lors de ses premières représentations. Jorge Semprun (avec qui Costa Gavras avait écrit Z et L'Aveu) avait traduit la pièce et la mise en scène n'était autre que de Peter Brook. Piccoli était de la distribution. Qui perturbaient ce succès en salle? Des antisémites, anticommunistes, le Mouvement Populaire, la Restauration nationale. "Le Vicaire" sera interdite à Rome, mais mise en scène par Bergman à Stockholm.

Le sujet rêvé
Costa Gavras cherchait un sujet autour de l'holocauste, pensant notamment à La mort est mon métier de Robert Merle. Le producteur Claude Berri (grand écart assuré entre Astérix et Amen.) lui parle alors du "Vicaire". Une histoire parfaite : basée sru des faits réels, un personnage réel et positif, une éthique et une critique. Des choix scénaristiques sont rapidement réglés par le réalisateur et son scénariste, Jean-Claude Grumberg (déjà auteur de La petite apocalypse de Costa, mais aussi scénariste du Dernier Métro). Parmi ces choix : mettre le Pape à distance, et non au premier plan, ne pas montrer la communauté juive, ne pas faire de Gesrtein un saint angélique mais plutôt un résistant qui n'a pas de chance, ... Le pape est d'ailleurs essentiellement filmé en étant silencieux, inactif, solitaire.

Une Histoire floue
Car tout cela est sujet à controverse. La question est posée : le Vatican est-il complice des crimes d'Hitler? Il est prouvé que Le Vatican était au courant, que le Pape savait les juifs exterminés, que l'Eglise a fait taire tous ceux qui en son sein critiquait le régime antisémite d'Hitler. Tout le témoignage de Kurt Gerstein a servi de pièce à conviction dans le Procès de Nuremberg. Le film place bien le problème dans un sens plus large : l'indifférence de tous (Américains, Anglais, protestants, catholiques...), la volonté de ne pas voir.
Mais il est vrai que le Pape Pie XII est l'un des papes les plus contestés de l'Histoire. Nonce (ambassadeur) du Vatican à Berlin, il négocie le concordat avec le régime d'Hitler en 1933. Cela fait 8 ans que ce germanophile vit à Berlin. Pie XI (qui mourra dans des conditions suspectes) en a fait un cardinal en 1930. A 63 ans, de son vrai nom Eugenio Pacelli, le prêtre devient pape et félicite Franco pour sa victoire catholique. Son premier acte en faveur des juifs - parce que les nazis s'en prennent aussi aux convertis au catholicisme - est daté de 1943, une fois que les Alliés sont à Naples, et alors que Rome subit les rafles des SS (voir Concurrence déloyale et la Vita è bella). Il ne condamnera le nazisme qu'en 1945. Toute cette ambiguité fait de Pie XII un Pape complice, qui détestait davantage les bolchéviks russes aux nazis allemands. Son choix politique épousait les évolutions des rapports de force entre gagnants et perdants. Il est d'autant plus suspecté que Pie XI avait condamné le nazisme en 1937. Les archives, les témoignages ont contribué aussi à prouver que le Pape connaissait tout de la Solution finale. Cela n'empêchera pas des actions individuelles de la part de certains ecclesiastiques - dans le film, symbolisés par Ricardo Fontana. Le Pape se défend en affirmant qu'il a voulu éviter lepire, les représailles. Diplomate avéré, il est piégé entre son autorité politique et son rôle chrétien. Topujours est-il que la vérité n'est pas encore établie sur les réels motifs du silence et des fautes de ce pape, dont la béatification a été repoussée par Jean-Paul II. Entre temps le Vatican a fait son pardon à la communauté juive.

La tragédie de Gerstein
Gerstein est trouvé mort, pendu, dans sa cellule de la prison militaire du Cherche-Midi à Paris, le 25.7.45. On ne sait pas si c'est un suicide ou un meurtre. On ne voyait en lui qu'un SS. Il a eu le temps de rédiger son rapport.
En août 45, le Baron Lagerfelt interpelle le Foreign Office sur le résistant Gerstein.
Janvier 46. Le rapport de Gerstein esf utilisé dans le procès de Nuremberg. En 1950, sa veuve perd sa pension et on refuse la réhabilitation de son mari, toujours considéré comme nazi. Dès 53, des versions du rapports sont publiés.
En 63, la pièce Le Vicaire propage la vérité de Gerstein dans le grand public. En 65, Gerstein est enfin réhabilité, et élevé au rang des"innocents".

Le film, enfin
Il est présenté au festival de Berlin. La critique est enthousiaste. Même s'il repart sans prix, la femme du chancelier allemand assiste à la projection. Le film sort en France deux semaines plus tard. Un sujet difficile qui ne devrait pas empêcher un certain succès. Si les acteurs allemands sont inconnus, la présence de Kassovitz et la renommée de Costa Gavras (Missing - Palme d'or, Music Box, Mad City) qui s'ests ouvent attaqué au sujet, devrait aider. D'autant que l'Affiche a permis de faire connaître le film...

L'affiche, en bonus
L'affiche est un support médiatique (voire de propagande commerciale) issu de savants calculs mêlant création, marketing et contraintes techniques et juridiques. Le but est de séduire le spectateur potentiel, et surtout de faire parler du film.
Amen. a réussi son coup. En faisant appel à Oliviero Toscani, l'ancien monsieur pub de Benetton, il fallait s'attendre au choc. Ni croix gammée, ni croix chrétienne, cette croix hybride rouge mélange les deux symboles, mais symbolise parfaitement le sujet du film.
Pas de quoi crier à la censure, à moins d'avoir la conscience pas tranquille. D'ailleurs le Tribunal a autorisé l'affiche. Provocatrice, un peu, efficace, à tous points de vue, elle a au moins le mérite de bien mettre en valeur le titre. Amen est à notre avis bien plus pernicieux. Ponctuation finale qui peut annoncer une nouvelle période, c'est aussi une manière de dénoncer une entente tacite entre deux régimes. En disant Amen, on souhaite passer à autre chose. Ce qui est pire et moins pardonnable.
Tout ça pour dire qu'on ferait mieux de parler du film, que de sa vitrine. le fond avant la forme. Merci monsieur les censeurs..
 
vincy
 
 
 
 

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