Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Amen. (Le Vicaire)


France / 2002

27.02.02
 



A PEINE

Le livre Bye Bye Bahia



"- Je me sens coupable comme spectateur et aussi comme prêtre."

Sans être un chef d'oeuvre, Amen., adapté (peu fidèlement) d'une pièce géniale, renoue avec les films polémistes et politiques de Costa-Gavras. Inégal, le film semble hésiter constamment entre le divertissement, scénarisé à l'américaine, et un sujet plus européen, plus critique, très loin d'une dévotion à la religion.
Le malaise, essentiellement, provient de cette volonté de "rythmer" son histoire. Les trains passent comme un compte à rebours à l'inéluctable. Costa ne montre pas l'holocauste mais en fait un élément ponctuant dramatiquement son script. En cela, il passe à côté de l'horreur. Les morts ne sont qu'un contexte, un sujet central dans l'interminable ballet diplomatique, des simples données (en millions) dans une discussion. Là où Costa réussit son coup, c'est dans sa vision du Vatican. Des dessous dignes de journaux satyriques et des meilleurs reportages d'investigation. Les tourments du Pape, les silences officiels, les calculs politiques et les atermoiements de tous démontrent toute l'ambiguïté de l'Eglise face au Régime Nazi, mais aussi sa haine des Juifs et quelquepart du Stalinisme. En fondant son film sur deux incompris, deux résistants de l'intérieur, deux "sacrifiés" reconnus de manière posthume, il place son propos dans un cadre où le système semble le plus fort. La fin, totalement acide, est d'un cynisme rare et bienvenu. Le seul qui en réchappe, avec la bénédiction d'un Vatican qui ne refuse rien à un catholique, est le personnage le plus monstrueux, le plus opportuniste.
Eux savaient, en tout cas. Ils étaient les témoins occulaires de cet enfer. Des personnages d'une autre trempe, partagés entre leur appartenance (famille, religion patrie, travail) et leur conscience. Incarnés par d'excellents acteurs, Amen, sans atteindre des summum d'émotion, nous sensibilise très vite à leurs exploits, souvent invisibles, à leur foi infinie en l'homme et en leur Dieu. Jusqu'à leur perte. Ils veulent comprendre, mais il n'y a rien à comprendre. L'absurde se résume à l'arithmétique froide et ignoble d'un exercice de maths pour justifier comment l'extermination des fous peut abriter des dizaines de prolétaires... Les crimes sont dépassionnés, durs, vous glaçant le dos.
Vu, revu? Pas sûr que cela suffise à une époque où on juge un Milosevic. Techniquement on sent le détour par Hollywood de Costa Gavras; Amen est avant tout un scénario quasi "policier" autour d'un épisode inconcevable de l'Histoire. Le réalisateur y a légitimement apporté sa vision des choses, faisant un douloureux rappel sur l'impuissance de l'information comparé aux intérêts personnels. Véritable pamphlet accusant le Vatican de complicité de crimes contre l'humanité, le cinéaste n'a pas perdu sa verve cinématographique. On sort du film partagé sur cette schizophrénie entre une Shoah qui sert de toile de fond floue et une histoire - en partie vraie - totalement révoltante pour les Innocents. Il nous reste "la peine et la colère" , et finalement bien peu d'espoir en la religion. En tout cas, Amen n'est pas une prière, ni un pardon. Mais bien une prise de position. Un J'accuse déterré par ceux qui veulent oublier...
En cela, tout à la fois efficace et pédagogique, Costa-Gavras s'est livré à une contrition utile, mais parfois trop passionnée et donc maladroite. Les faits demeurent : un crime contre l'humanité, et la lâcheté du Vatican face à l'inimaginable.
 
vincy

 
 
 
 

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