Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La demoiselle d'honneur


France / 2004

17.11.04
 



LE CIEL DE NANTES REND MON COEUR CHAGRIN





"- T'aimes ça les endives? Dans le temps, elles étaient plus amères, c'était meilleur."

Chabrol aurait pu titrer son film La cérémonie, La fleur du mal, Au coeur du mensonge, L'enfer, ... Ce film ressemble en tous points aux autres. Il est juste un cran en dessous de la plupart. Le maître perd de sa vitalité : la réalisation est relativement plate et il faut l'ingéniosité des décors (beau château fantôme) pour nous mettre dans l'ambiance. Nous voici à Nantes dont la spécialité gastronomique est la pizza. Même dans ce qui fait sa réputation, le cinéaste a préféré nous servir le plat du pauvre. Il est loin le temps du Poulet au vinaigre. Au milieu de ces faits divers que Chabrol ne prend même plus le temps de rendre intéressant, vagues prétextes, et une ambiance familiale délétère, qui le passionne davantage, le film s'enlise dans une relation fusionnelle mal foutue, trop peu charnelle, pas assez folle pour nous transporter. Trop froid.

Mais bon tout n'est pas à jeter. Ne faisons pas les fines bouches. Chabrol a encore se dents et a gardé du mordant. le personnage désagréable à souhait de Bernard Le Coq nous ravit. De même que la naïveté cruche d'Aurore Clément nous rend fou de joie. Au milieu, des ados mal bouchés et qui en prennent pour leur grade, un couple de jeunes mariés, déjà beauf, qu'on a tout de suite envie de bizuter, ... Chabrol s'intéresse désormais à la jeunesse. Où ce qu'il en voit à travers le prisme de son écran favori, la télé. Qu'il dévore avec gourmandise en ouvrant son film sur des journalistes locaux.
Reste Magimel et Smet, le duo vedette et central du film, les deux contraires qui s'aimantent. Pas sûr que ce genre de personnages soit tout à fait ceux dans lesquels la jeune Laura Smet puissent s'épanouir. Certes elles est inquiétante, mais sa séduction ne frappe pas immédiatement. Femme au venin fatal, on entrevoit trop vite la fille en manque d'affection, pas équilibrée, mytho et amorale. Magimel, aux airs de Bébel, est bien plus solide en cadre moyen trop occupée à faire l'homme de la maison, à satisfaire clients et patron, à oublier ses pulsions sentimentales, et à se laisser piéger par la première fille étrange venue.

Le problème est que le spectateur s'identifie mais ne se projette pas dans ses personnages ni attachants ni aimables. "Qu'est-ce qu'ils ont l'air cons" dit l'un des protagonistes. C'est pire : ils font ploucs. Même le mariage est cheap. Cette vieille France est presque le reflet d'un passé qu'il serait temps de dépasser. En cela, Chabrol, paresseux, ne cherche pas à élever ou éduquer l'être humain même fictif. Il les tue, les blesse, les culpabilise. Mais s'il n'y avait pas l'acte moral du "héros" au final, on pourrait presque croire qu'ils sont encore des bêtes. Déraisonnables en plus. Et puis le rythme se ralentit, nous distrait. ce populisme nous énerve. La légèreté de la technique nous amène à remarquer les gaffes. Tout nous semble d'un coup factice, un peu chiant, faussement dérangeant.

Alors enfin Magimel décide de remonter des enfers et ne veut plus voir Orphée. Air connu. Son Orphée, trop voluptueuse, trop venimeuse, ça ne pouvait pas coller. Et c'est peut-être ça, la vraie faiblesse du script : nous savons très bien que cette histoire finira mal avec cette fleur épineuse. Bref la confiance pouvait pas régner. Ce jeu de rôle, censé être dangereux, fera les délices des experts du Fort Chabrol, facilitera sans doute les rétrospectives du réalisateur. On devra d'abord planter un arbre, écrire un poème, tuer quelqu'un et faire l'amour avec une personne du même sexe. Encore une promesse - du film - non tenue. "- Mon amour, quel plaisir tu as à raconter des histoires?!" demande Magimel à un moment donné. La question est renvoyée à l'auteur du film.
 
vincy

 
 
 
 

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