Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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9 songs (Nine songs)


Royaume Uni / 2004

02.03.05
 



SEXE PISTONS

Le livre Bye Bye Bahia



"- Occupe toi de moi.
- J'allais faire le petit déjeuner.
- Baise moi.
"

Attention, cette critique ne s'adresse qu'aux lecteurs ayant la majorité dans le pays d'où il va lire tous ces mots crus, choquants, violents. En effet le sexe reste toujours le tabou ultime de nos censeurs...
Et de sexe, nous allons causer. Michael Winterbottom, cinéaste surfait depuis longtemps, nous offre donc ce 9 songs, soit l'alternance de 9 chansons avec 9 séquences de l'intimité d'un couple. 9 fois 2. Un film musical sur la scène rock alternatif britannique et un film X avec des dialogues. Expérimental. Il faut rajouter les intermèdes au Pôle Sud. C'est à croire qu'un réalisateur branché et chic doit désormais faire son X. 20 ans après Mocky, Von Trier, Chéreau et compagnie s'amusent à filmer la chair et la rendre respectable. Winterbottom mélange plutôt Emmanuelle avec le Live d'Indochine. Les "rockers" qui ne font plus bouger personne dans les salles, ne déchaînent pas les passions : ils font tous la gueule, ne dégagent aucune énergie. A côté Dépêche Mode c'est limite Culture Club. Et pour couronner l'absence d'originalité, le cunnilingus, doté d'une lumière chaude et douce, ressemble à la pub du dernier parfum Guerlain.
Pourtant, d'odeur, de goût, de peau, il n'y a rien. Car l'échec de 9 Songs provient de l'absence de scénario, de vécu. L'écriture fait défaut. Malgré la belle photo. Le réalisateur n'a rien à montrer. Il est resté au stade Drug Sex and Rock 'n Roll. Ca n'a hélas plus la même signification aujourd'hui. Il ne semble pas s'en être rendu compte. L'exercice apparaît stérile. La défonce à la coke et la défonce du con, c'est un concept. Poudre blanche et liquide blanchâtre dans un même élan sensoriel. Mais pour quoi?
Pas pour la musique. Les concerts ont le droit à de belles couleurs. Mais, contrairement aux idées reçues, Winterbottom n'a jamais su filmer la musique. Plat à l'écran. Il suffit de comparer avec Ray. Pour l'excitation? La fusion des sens ne donnent pas de sens à ces éffusions. Le sexe est brut. Pas de strip, ni de préliminaires. Synoptique, simpliste, le film n'est même pas une expérience bandante. Winterbottom n'est pas à son top.
Il est comme ses personnages : il n'a rien à dire. L'excès de sexe joue les preuves d'amour. Finalement, ils ne savent pas de quoi ils parlent. Ils ne réagissent qu'aux humeurs. Amor à mort. Cela rend le film d'une vacuité saisissante. Inintéressant. Les personnages nous échappent par leur absence de projection dans un futur meilleur. Ce n'est donc pas Intimacy qui nous vient à l'esprit. Mais Twenty Nine Palms, de Bruno Dumont. Même ressenti. Même vide destructeur. Un nihilisme dangereux. 9 Songs dessine l'esquisse d'une relation qui passe à côté de l'essentiel, à l'instar du film.
Entre Code 69 et Primal Scream, cette oeuvre inclassable met en vedette un couple perdu d'avance. Il n'a pas la parole pour se construire. Nous assistons à leur inexistence. Des bêtes, dans tous les sens du terme. Peu de mots, quel boulot, sont-ils idiots? Elle sait mieux l'allumer qu'allumer la cuisinière. D'ailleurs elle est bonne à rien, juste bonne. Seule astuce narrative : la montée en puissance du voyeurisme. Grande imagination pornographique. D'abord les lèvres. Celle du sexe. Plus tard, un pénis, qui débute son érection grâce à la caresse des pieds de sa partenaire. Acteurs à nus. Rassurez-vous il est bien monté. Un peu de SM pour varier les plaisirs. Une fellation, suivie d'une éjaculation (généreuse). Seul moment excitant, car dénué de triche. C'est le démarrage des 20 dernières minutes, les seules qui valent le coup d'oeil. Parce que s'ensuit le meilleur morceau de musique du film (Jacqueline des Franz Ferdinand). Mais aussi la meilleure séquence en Antarctique. Ah! Les beaux panoramas de ces étendues glacées censées refroidir nos ardeurs. Quelle métaphore pour illustrer le désert amoureux et sexuel. Cela introduira le final, la pénétration vaginale tant attendue.
Gros plan, vue par derrière. Cela apporte-t-il quelque chose? Non. Car Winterbottom aurait pu se singulariser du X grâce à une vision cinématographique. Il aurait pu ajouter l'humain, le regard amoureux. Mais il n'a pas cette intelligence de filmer les yeux. Seul un vagin et un phallus l'intéressent, des couilles et du cul. Primaire. Pire que cela. Macho. La chatte prime dans son viseur. La femme se fait plaisir avec un vibro. Le mec ne se branle jamais. Lesbiannisme autorisé mais quid de son écho masculin? Si son personnage féminin n'était pas celui qui contrôle, facticement puisqu'en fait elle ignore tout du mot posséder ou aimer, on pourrait croire à de la misogynie. Mais c'est juste un mec dépassé par les femmes de son époque, qui nostalgise sur les seventies.
Aujourd'hui la passion a ses limites : la confiance et la capote. Entre deux engueulades, il y a deux solitudes. Chacun dans son monde. Lui est à la cuisine et elle, dans la chambre, se branle. Paradoxalement quand on entend "On entre dans le vide", nous en sortons, après 45 minutes de néant. Car la fin élève l'ensemble grâce à une succession de scènes impressionnistes sur des sensations irrationnelles. Plus rythmées, plus dramatiques. On est enfin dans le vif du sujet. Le désir s'est hélas étiolé depuis longtemps.
 
vincy

 
 
 
 

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