Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Stage Beauty


Royaume Uni / 2004

02.03.05
 



A VOILE ET A ACTEUR





« Elle a été la première à faire ce qu’elle fait. Vous avez été le dernier. »

Ned Kynaston a tellement porté de jupettes qu’il ne sait plus très bien de quel sexe il est. Pour parvenir à le déterminer, la vedette choisit la voie difficile. L’introspection. Cet homme qui a joué la femme toute sa vie n’est, du jour au lendemain, plus autorisé à le faire. Saura-t-il se reconvertire ? Voilà, en substance, la problématique que pose Stage Beauty. Identités sexuelles au XVIIème siècle, bisexualités à la Cour du Roi, autant de sujets qui valent la peine d’être traités. L’histoire, sur le papier, était même bonne. Dommage qu’elle soit racontée avec une telle nonchalance. Richard Eyre se défend d’avoir voulu faire une comédie romantique mais la construction est celle des plus académiques du genre. La mise en scène est paresseuse, comme si les thèmes abordés avaient été pris à la légère, comme si le réalisateur avait sous-estimé l’intérêt de ce qu’il raconte. Le film ne devient sérieux qu’à travers quelques dialogues qui distribuent mollement généralités et aphorismes. Les petites réparties cinglantes que s’envoient les personnages à la figure tiennent lieu de toute réflexion. Le film évoque pourtant une certaine idée de la modernité, tant sexuelle qu’artistique qui pourrait trouver une origine dans ce moment de l’histoire. Seulement, à force de mettre en perspective notre modernité, le film ne parle pas de l’époque dans laquelle il se situe.
L’originalité aurait pu surgire de la reconstitution, si ce n’est factuelle, du moins psychologique. Afin de rendre son film attrayant, Eyre ne s’embarrasse pas de soucis du détail et borne sa représentation de Londres au stricte minimum. Ce n’est pas un rapide plan d’ensemble sur l’architecture de la ville, trafiqué à la machine à image, qui donnera l’illusion d’une volonté historique. Les rues de la capitale anglaise semblent d’ailleurs bien étroites tant les quelques personnages/zonards ont une fâcheuse tendance à se croiser et se recroiser dans les coins. A bien y regarder, tout cela ressemble à une reconstitution miniature de Londres pour Las Vegas ou a un studio de show télé, tapez 1 pour Billy Crudup. D’autre part, le réalisme psychologique ne semble pas non plus avoir été un cheval de bataille. Les âmes versatiles des uns et des autres s’entrechoquent joyeusement sans qu’on y croie vraiment, les répliques plus ou moins vraisemblables se croisent comme les fils de ces indécis pantins cinématographiques. Tout cela se trame gentiment et sans ennui, jusqu’au soudain passage dans la modernité. Là, il faut préciser : lors de la représentation finale, les deux acteurs (Kynaston et Margaret Hughes) se rejoignent sur scène et réussissent une performance d’anthologie au réalisme saisissant, voire révolutionnaire. C’est en tout cas l’impression qui est donnée. Jusque là, les acteurs, ces deux là y compris, s’égosillaient sur scène avec flegme dans des gesticulations codifiées et moyenâgeuses, plus proches de la marionnette déglinguée que de l’être humain. Le film ne montre pas le stage accéléré à l’Actor Studio qu’il ont sans doute suivi entre temps.
 
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