Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


(c) Pan Européenne  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 20

 
Land of the Dead


USA / 2005

10.08.05
 





Le livre Bye Bye Bahia


L’AVIS DES MORTS

Des mauvais rêves... Ca oui, y'a qu'à voir ma gueule pour savoir que j'en fais de sacrés..."

« La dernière maison sur la gauche », « Assaut », « Massacre à la tronçonneuse », « La nuit des morts-vivants ». Tous premiers films de Wes Craven, John Carpenter, Tobe Hopper et George A.Romero. Les 4 cavaliers de l’Apocalypse qui déferlaient sur le cinéma d’horreur des années 70 à travers l’éternelle parabole qu’offre le genre fantastique et la liberté de ses budgets limités. Une génération de post-ados désenchantés qui ont vu Kennedy se faire assassiner, leurs potes envoyés et parfois étripés au Vietnam et Gorge Profonde révéler que leur Président, Nixon, n’est en fait qu’un vil salopard. A l’instar d’un Samuel Fuller et de son « Shock Corridor », ils décrivaient en ce temps l’Amérique comme un asile de fous et de médecins incapables, menteurs comme des arracheurs de dents ou donneurs de suppositoires placebos. Craven et Hooper semblent s’en être bien remis en se faisant parfois passer pour les infirmiers d’un cinéma déchu, pendant que Carpenter et Romero furent régulièrement placés sous camisole créatrice. Tandis que Michael Moore triomphe à Cannes avec un montage d’archives, leurs images et leurs discours identiques, plus cinglants et plus malins, sont encore relégués aux exploitations rapides en salles et aux rayons des vidéo-clubs, tels deux Che Guevarra hurlant dans un désert de pizzas aux anchois. Certains, comme nous les entendent, les attendent trop souvent. Alors lorsqu’un film comme « Le territoire des morts » sort sur nos écrans, l’appréhension se partage avec notre attente. Avant d’être définitivement rassuré. George A.Romero est bel est bien vivant. Et à 65 ans, le bonhomme n’a pas perdu de cette verve et cette arrogance que certains de nos profs soixante-huitards ont égaré en cours de route. En propulsant le marc d’une humanité dans un microcosme post-apocalyptique cerné par ses déchets – hommes compris – Romero ne fais certes pas dans la dentelle métaphorique. Mais le genre ne s’en est jamais disculpé. Filmer des mercenaires dévastant des « favelas » comme autant de GI’s dans les rues de Bagdad peu faire sourire. Ou regretter qu’un autre cinéma ne s’y emploie pas. L’allusion des laissés pour contre invités à se mobiliser contre le dictat et l’ordre a toujours été au cœur de la saga des mort-vivants de Romero, jusque dans ce sketche de « Creepshow » où un ersatz d’Howard Hugues, en haut de sa tour aseptisée, était progressivement envahi et bouffé par des cafards. « Le territoire des morts » raconte exactement la même histoire, constatant que non seulement l’Amérique (voire notre beau pays) n’a pas changé mais est plus encore craintive de ce qu’elle ne contrôle pas, de ce qu’elle ne comprend pas, de ce qu’elle aimerait tant pouvoir ignorer au point de chercher à le détruire. Face à ce constat, certains en sont même venus à retourner leur veste, et la présence du pape de la contre-culture des 70’s (« Easy Rider » et « La nuit des morts-vivants » sont sortis quasi simultanément en 1968) Dennis Hooper, aujourd’hui pro-Bush convaincu, dans le rôle d’un Donald Rumsfeld sous acide, ne peut être considéré comme un choix innocent. L’espoir est là, dévastateur, et il se nomme la prise de conscience, l’éclat fugace d’une intelligence qui peu à peu s’organise, communique et rassemble. Tels nous pourrions l’être, tout autant zombies que nous sommes. Le discours est limpide, une socio-politique de supermarché… ou de centre commercial que Romero ressasse sans ambages tel un ado à ses parents.
Cinématographiquement, sa mise en scène concurrence et met à genoux directement les petits faiseurs malins, allant jusqu’à utiliser le cinémascope pour la première fois avec la prestance des plus grands. A ceux qui l’ont copiés, le légitimement revanchard leur rend la pareille au centuple, notamment grâce au « Dead Reckoning », camion blindé et armé jusqu’aux enjoliveurs, habillement dérobé à « L’armée de morts ».
Mad-Maxien jusque dans son « Thunderdome » où des morts-vivants remplacent les lions des jeux du cirque, « Le territoire des morts » s’inscrit par ailleurs comme l’un des meilleurs films d’anticipation de l’histoire, entre « New-York 1997 » du compère Carpenter et « La planète des singes ».
La résurrection de Romero se fera donc sans haillons, le cerveau alerte, apparent, mais toujours dans sa boïte crânienne.
Comme quoi Lazare fait bien les choses....
 
Arnaud

 
 
 
 

haut