Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mémoires d'une Geisha (Memoirs of a Geisha)


USA / 2005

01.03.06
 








NIPPONNES NI SOUMISES

"- Souffrance et beauté vivent cote à cote."

Après avoir vu Memoirs of Geisha, on peut se demander ce qu'en aurait fait Spielberg, qui a sans doute été intéressé par les échos à La couleur pourpre (l'histoire de deux soeurs séparées, le mentor cruel) et L'Empire du Soleil (la guerre comme provocatrice de déchirements familiaux et individuels). Mais Rob Marshall, à l'instar de son Chicago d'opérette, nous livre une version hollywoodienne fastueuse et colorée, un récit en voix off, une machinerie trop huilée pour viser une forme d'authenticité. Très beau, ce film laqué, brillant, lisse et maquillé, bref aussi artificiel que les charmes d'une Geisha, n'a rien d'un documentaire sur la profession : "être geisha c'est être jugée comme une oeuvre d'art mouvante". Sans un gramme d'érotisme, un paradoxe, l'oeuvre respire le mélo facile sur l'amour inaccessible. Un peu léger, un brin superficiel. Ce sentiment ne nous quittera jamais durant ces 140 minutes.
Sans attendre L'Empire des Sens ou un film cadré à ras de tatamis, ces Mémoires ne dépassent jamais l'état de chronique d'un monde annoncé. Rien ne surprend. Cette histoire de concubines (mais pas d'épouses ni d'adieux) prend sa place dans un Japon de cerisiers en fleurs, forêts de bambous et théâtre Kabuki.
Fascination "occidentale" pour ce pays du Soleil Levant, sans atteindre la maestria d'un Kurosawa, mais en espérant restituer fidèlement l'harmonie fantasmée. Cela nous rend, cependant, perplexe quand il s'agit d'Histoire. Étrange apolitisme (dérangeant) : le Japon, alors ennemi des Américains, filmé par Marshall avec 65 ans d'écart, se transforme en pays victime de la guerre, ruiné, mais presque glorieusement sauvé par les G.I.'s. Révisionnisme gênant, pour ne pas déplaire au public japonais ou pour mieux révéler l'amnésie collective à propos d'un traumatisme néanmoins récent. Sans relayer trop la polémique politique au sein d'une critique cinématographique (voir le buzz), ce bizarre paradoxe qui empêche un point de vue clair et net sur cette période cruciale de l'Histoire du Japon, est rendu plus confus encore avec ce casting luxueux : femmes chinoises et hommes du Japon. Le film se veut-il pax asiatica? En femmes soumises et en bons mâles dominants, le duel est inégal et, en 2006, il est trop lourd de sens pour être ignoré. À privilégier le star système, au détriment d'une signification historico-politique, Memoirs of Geisha s'avère plus opportuniste qu'utopiste, plus nippophile que sinophile. Le spectateur lambda n'y verra que du feu, dicté par le plaisir de réunir Gong Li, Michelle Yeoh et Zhang Ziyi , ce qui ne gâche pas le désir des yeux. Et ces belles et talentueuses comédiennes n'ont pas ces pudeurs... Mais, en plus de sa réalisation fade et d'une vision kitsch, cette absence de bon sens, compromet sérieusement le film dans sa tentative de supporter les outrages du temps...
Du bon cinéma d'antan, sirupeux et plein d''eau (les mièvres dialogues nous révèlent trois ou quatre fois que notre jolie héroïne a de l'eau en elle). Il reste une rivalité classique - physique et spirituelle - entre courtisanes, qui bien écrites, nous permettent de tenir sur la longueur. La guerre des pûtes. Loin d'être une révélation (hormis le vocabulaire japonais où l'on apprend que le mizunge est une chatte), à moins qu'il ne faille vous expliquer la métaphore de l'anguille qui doit se faufiler dans la grotte, cette super production vise surtout à séduire les amateurs de belles histoires et les votants aux Oscars. A Hollywood aujourd'hui, comme à Tokyo en ce temps-là, tout se transforme en rituel (principe fondamental, récurrent et fédérateur de nos civilisations). Le rituel, "c'est l'art de transformer une habitude en plaisir." Ce film habituel provoque parfois du plaisir. De là à parler d'art...
 
vincy

 
 
 
 

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